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Finances publiques

Déserts médicaux: une très grosse prime pour attirer les médecins?

Les médecins pourraient bénéficier d'un "forfait" de 50.000 euros pour s'installer dans les déserts médicaux.

Les médecins pourraient bénéficier d'un "forfait" de 50.000 euros pour s'installer dans les déserts médicaux. - Alex Proimos - Flickr - CC

"L’Assurance-maladie pense sérieusement à allouer une somme de 50.000 euros à tout médecin acceptant de s’installer dans une zone sous-dotée."

Pour lutter contre les déserts médicaux, l'Assurance maladie devrait se résoudre à mettre la main au portefeuille. Cette dernière souhaite en effet recentrer l'aide versée aux médecins exerçant dans les zones sous-dotées à ceux qui choisissent de s'y installer. Une somme forfaitaire de 50.000 euros leur serait allouée, selon un document consulté mardi 24 mai par l'AFP.

Actuellement, l'aide financière baptisée "option démographie" et destinée à attirer les médecins dans les déserts médicaux, "n'est pas suffisamment attractive", constate l'Assurance maladie qui doit présenter son projet ce mercredi aux syndicats de médecins, lors d'une nouvelle séance de négociation pour la future convention.

Entre 2013 et 2014, sur 485 nouveaux médecins installés, 190 ont adhéré à cette option démographique, soit 39% des nouveaux installés en zone déficitaire, relève l'Assurance maladie. Elle avance plusieurs explications à ce faible taux: une méconnaissance du dispositif, un versement de l'aide "trop tardif" par rapport à la date d'ouverture du cabinet, un montant aux deux tiers proportionnel à l'activité, "alors que les médecins nouveaux installés ont justement une activité moindre durant les premiers mois".

Conséquence, l'aide bénéficie prioritairement aux médecins déjà installés (deux tiers du montant total de l'enveloppe) qui ont par ailleurs une activité plus importante que la moyenne de leurs confrères, et a peu d'effet sur les spécialistes (moins de 2% des adhérents).

L'Assurance maladie propose donc de recentrer cette aide vers les médecins qui s'engagent à une activité dans la zone pendant trois ans, ainsi qu'à ceux qui s'installent dans un "mode d'exercice regroupé".

Majoration des honoraires possible

Fixé à 50.000 euros, ce forfait serait versé en deux fois: la première moitié lors de l'installation et la seconde l'année suivante. Des majorations pourraient également être accordées en cas de réalisation de vacations au sein des hôpitaux de proximité.

Afin de soutenir les médecins préparant leur succession, la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnamts) propose également la mise en place "d'un contrat de transition" pendant trois ans réservé aux soignants âgés de plus de 60 ans et accueillant un "associé nouvel installé" de moins de 50 ans. Une majoration de 10% des honoraires annuels, plafonnée à 20.000 euros par an, serait versée au médecin en fin d'activité qui continuerait de percevoir l'option démographique jusqu'au terme de son contrat.

La Cnamts ouvre également la possibilité pour les Agences régionales de santé (ARS) d'accorder "une aide bonifiée" aux médecins de certaines zones sous denses "particulièrement fragiles". L'aide à l'installation serait alors majorée dans la limite de 20% et l'aide à l'activité prévue dans le cadre du "contrat de transition" portée à 20% des honoraires annuels. Ces aides bonifiées ne pourraient bénéficier au "maximum" qu'à 20% des médecins éligibles dans la région.

Y.D. avec AFP