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Entrepreneuriat: être mère et chef d'entreprise "n'est pas impossible"

Nathalie Kopff dirige une entreprise de BTP spécialisée dans le gros-oeuvre et le béton (illustration).

Nathalie Kopff dirige une entreprise de BTP spécialisée dans le gros-oeuvre et le béton (illustration). - -

Diriger avec succès une entreprise, tout en conservant sa vie de famille n'est pas irréalisable. C'est ce que pense Nathalie Kopff, dont le succès ne se dément pas à la tête de son entreprise de BTP malgré la mise en place de quelques ajustements nécessaires.

Peut-on être une femme, une mère de famille et une chef d'entreprise? "Oui", répond Nathalie Kopff. Cette femme mariée et âgée de 50 ans a une fille: cela ne l'empêche pas de diriger depuis six ans et demi ECD (Entreprise de construction Duarte), avec ses 40 employés et son chiffre d'affaires de 13 millions d'euros.

> Une entreprise en pleine croissance

ECD, entreprise de BTP (gros-oeuvre), a été fondée en 2007 par Nathalie Kopff et son mari. "Au bout de quelques mois, c'est moi qui en ai pris la direction", raconte la chef d'entreprise. Le chiffre d'affaires d'ECD croit régulièrement ("30 à 40% de croissance chaque année depuis quatre ou cinq ans"), si bien qu'ECD a été récompensée en 2012 par le Women Equity.

Une réussite qui a permis d'obtenir une reconnaissance nouvelle auprès des banquiers: "Ils étaient au courant avant moi qu'ECD avait été primée." Une bonne nouvelle pour Nathalie Kopff, alors que sa formation d'ingénieur laissait craindre chez certains qu'elle ne saurait pas diriger efficacement une entreprise.

> Chef d'entreprise dans un secteur "masculin"

"Etre une femme chef d'entreprise n'est pas très difficile à vivre", estime Nathalie Kopff. Malgré ce que l'on pourrait supposer -"le secteur du bâtiment est très masculin surtout dans le gros-oeuvre et le béton"-, l'atmosphère ne lui a jamais été hostile. "Les hommes de ce secteur sont très gentils et veulent transmettre leur savoir."

> Gérer sa vie de famille

"Ce qui est plus difficile à gérer, c'est le lien entre la vie de chef d'entreprise et celle de mère", estime Nathalie Kopff. "Un chef d'entreprise a beaucoup d'impondérables dans une journée." Alors, elle "s'organise" avec [son] mari" et a imposé une règle d'or qui au début a pu dérouter ses collaborateurs et ses clients. "A 16h30-17h00, c'est l'heure d'aller chercher ma fille à l'école".

Ce qui ne l'empêche pas de travailler de 8h30 à 17h30 tous les jours, y compris le week-end. Parfois, Nathalie Kopff travaille le soir: elle dépose alors sa fille à ses activités sportives puis retourne à son bureau.

> Ne pas culpabiliser

De son succès, Nathalie Kopff tire quelques enseignements. "Les femmes ne doivent pas culpabiliser quand elles sont mères. Elles ne doivent pas avoir peur de parler de leurs projets et ne doivent pas hésiter à se lancer." Alors que sa volonté de vouloir aller chercher sa fille à l'école en fin de journée pouvait au début dérouter, aujourd'hui il s'agit d'un "acquis".

Cela n'empêche pas la chef d'entreprise de penser que la France "n'est pas très équipée pour aider les femmes": "Tant que celles-ci ne sont pas mères, leur progression est presque équivalente à celle des hommes. Mais quand elles ont des enfants, c'est plus difficile à gérer."

Une situation perpétuée également, selon elle, par les cadres dirigeants masculins des entreprises, qui n'aident pas encore assez leurs collègues. Etre mêre et chef d'entreprise nécessite donc quelques ajustements. Mais selon Nathalie Kopff, qui en est la preuve vivante, "ce n'est pas impossible".

Maxence Kagni