BFM Business
Economie et Social

Florange : Ayrault défend son plan, les syndicats sont mécontents

Les syndicats réclament toujours des investissements stratégiques pour le site de Florange plus important que les 53 millions annoncés

Les syndicats réclament toujours des investissements stratégiques pour le site de Florange plus important que les 53 millions annoncés - -

Jean-Marc Ayrault a reçu mercredi soir l'intersyndicale de Florange pour s'expliquer sur l'accord passé vendredi avec ArcelorMittal. Pour le Premier ministre, il est hors de question de revenir sur ce compromis. « Nous prenons ça comme un casus belli », répond la CFDT.

Jean-Marc Ayrault ne reviendra pas sur l’accord passé avec ArcelorMittal concernant l’avenir du site de Florange en Moselle. Après avoir reçu les syndicats mercredi soir, le Premier ministre, invité du journal télévisé de France 2 est resté droit dans ses bottes et a affiché sa certitude que le gouvernement a pris la bonne décision en refusant la nationalisation et en protégeant les 623 emplois du site.

« Pas de licenciement, pas de plan social »

« Les décisions qui ont été prises ont permis de sauver l’emploi à Florange, a expliqué sur France 2 le Premier ministre. Il n’y aura pas de licenciements, il n’y aura pas de plan social. C’est ça le résultat. Dans beaucoup de régions françaises aujourd’hui, il y a des risques de licenciement. Beaucoup de Français aimeraient avoir un tel résultat ».

« Aucune garantie après le 29 mars »

De leur côté, les syndicalistes se sentent toujours aussi trahis. Après deux heures d'entretien, l'intersyndicale (CFDT-FO-CGT) est ressortie avec peu de garanties. « On sort de Matignon avec des questionnements sans réponse et il se propose de nous revoir d'ici quelques semaines, quelques jours pour éventuellement apporter des éclairages », a fait savoir Edouard Martin délégué CFDT. Le gouvernement s’est toutefois engagé à mettre en place « un groupe de suivi des investissements (annoncés par ArcelorMittal) et des échéanciers des investissements, de même qu'un plan spécifique pour les sous-traitants », a rapporté Edouard Martin. Aucune garantie en revanche n’a été donnée sur le maintien en alimentation des hauts fourneaux après le 29 mars et rien non plus concernant la demande des syndicats d’augmenter le montant de la part des investissements stratégiques qui, pour le moment, sont de 53 millions d’euros sur les 180 millions promis par Mittal.

« Nous prenons ça comme un casus belli »

Edouard Martin (CFDT) a, de son côté annoncé son intention d'occuper les hauts fourneaux le 29 Mars prochain pour empêcher la coupure du gaz. « Madame Parisot a gagné. Le gouvernement accepte que Mittal éteigne les hauts fourneaux le 30 mars, explique le syndicaliste. Nous, nous lui avons dit (au Premier ministre - ndlr) que nous prenions ça comme un casus belli et que nous ne nous laisserions pas faire. On ne croit pas au fait qu’ils ne sont techniquement pas au point pour ne pas faire le projet Ulcos. On lui a dit : "vous avez jusqu’au 29 mars pour nous apporter une réponse là-dessus". La résistance continue. On réclame 180 millions d’euros d’investissement stratégique. On lui a dit que la prochaine fois ce n’est pas à Bercy qu’on ira camper, mais à Matignon ».

« Le gouvernement sous-traite les licenciements »

Edouard Martin n’est pas le seul délégué syndical à avoir rencontré le Premier ministre mercredi soir. Et comme lui, Yves Fabbri, secrétaire général de la CGT ArcelorMittal de Florange, est particulièrement remonté. « Aujourd’hui la logique du gouvernement rejoint la logique industrielle de Mittal et c’est dangereux pour la France, dénonce-t-il. Nous avons demandé au Premier ministre de revenir sur cet accord, il a refusé. Il demande aux organisations syndicales d‘accompagner cet accord. La CGT refuse l’accompagnement social de cet accord parce qu’aujourd’hui le gouvernement sous-traite les licenciements. Ce sont les sous-traitants, les intérimaires qui vont être éjectés comme des malpropres du site de Florange. On refuse cette politique de casse qui va entrainer de la précarité supplémentaire. C’est grave ce qu’il se passe aujourd’hui ».

T.de Dieuleveult avec J.Zeghoudi