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Fonctionnaires: le gouvernement évite les sujets qui fâchent

Annick Girardin, ministre de la Fonction publique.

Annick Girardin, ministre de la Fonction publique. - Patrick Kowarik-AFP

"Le gouvernement a proposé aujourd'hui aux fonctionnaires une hausse salariale de 1,2% en deux fois. Les syndicats la trouvent insuffisante et menacent d’une grève le 22 mars. Et pourtant l'exécutif a pris bien soin de ne pas mettre sur la table les sujets qui fâchent... "

C'était cousu de fil blanc: la proposition de hausse du point d'indice du gouvernement - 1,2% en deux fois d'ici à mars 2017- ne trouve pas vraiment grâce aux yeux des syndicats.

Ces derniers sont bien ingrats. Ils devraient au contraire remercier le gouvernement. Non pas tant pour ce geste "significatif " comme l'a qualifié mardi Manuel Valls. Mais pour avoir volontairement évité de mettre sur la table tous les sujets qui pourraient braquer les 5,4 millions d’agents publics. 

Avancement automatique

Quels sont donc ces sujets qui fâchent? D’abord le gouvernement aurait pu bien insister sur le fait que s’ils n’ont pas eu d’augmentations générales depuis 2010, les fonctionnaires ont bien été augmentés chaque année quoi qu’ils disent.

En effet, grâce à la sacro-sainte promotion automatique à l’ancienneté, les salaires des fonctionnaires augmentent mécaniquement de plus de 1 milliard par an. Il s'agit certes d'une goutte d’eau par rapport la masse salariale de l'Etat qui atteint 280 milliards d'euros. Mais ce n’est quand même pas totalement négligeable, surtout pour les finances publiques.

Comme la Cour des comptes lui demande régulièrement, l’Etat aurait très bien pu remettre en cause ce système d’avancement à l’ancienneté pour introduire davantage de mérite dans les progressions de carrière. Il ne l’a pas fait. Au contraire, il a annoncé un plan d'amélioration de ces carrières qui coûtera près de 5 milliards par an à l'horizon 2020. 

L'Etat n’a pas plus suivi les autres recommandations de la Cour des comptes comme la suppression du supplément familial qui doublonne avec les allocations familiales. Ou revoir les indemnités de résidence dont la logique ne saute pas aux yeux.

35 ou 39 heures? 

Et surtout, l'exécutif n’a pas remis sur la table la question de la durée du travail. Même si la loi El Khomri est largement vidée de son contenu, elle prévoit quand même certaines adaptations en la matière. Mais uniquement pour le privé, mais pas pour les fonctionnaires.

Le gouvernement a pris soin de ne pas évoquer un quelconque aménagement des 35 heures dans le service public alors qu’on sait que beaucoup d’agents publics travaillent moins que 1.600 heures par an, la durée légale du travail.

Mais l’exécutif sait qu’il tient avec cette question un formidable argument électoral pour convaincre les fonctionnaires de "bien" voter en 2017. Lui défend leurs 35 heures quand les candidats de droite veulent les refaire travailler 37 comme Nicolas Sarkozy ou même 39 heures comme François Fillon.

P.C