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La France connait-elle une déflation?

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L'Insee a annoncé que les prix à la consommation avaient baissé de 0,6% en janvier et ce malgré la hausse de la TVA. Une baisse en forme de trompe-l’œil.

L'Insee a annoncé que les prix à la consommation avaient baissé de 0,6% en janvier et ce malgré la hausse de la TVA. Mais janvier est le mois des soldes, et pour avoir une vue exacte de la situation, il faut comparer à janvier 2013. Sur un an, les prix ont augmenté de 0,7%. Certains commentateurs commencent déjà à parler de déflation, c’est-à-dire de baisse des prix.

Le danger de la déflation est que si les consommateurs pensent que les prix vont baisser, ils retardent leurs achats, ce qui bloque la croissance. Mais nous n’en sommes pas là…En revanche, les achats n’augmentent pas parce que le pouvoir d’achat stagne.

Les prix n

D’abord, la baisse des prix répercute la baisse des coûts liés au progrès technique. En France, nous allons normalement payer la 4G au prix de la 3 G : c’est une forme de baisse de prix due à l’évolution technologique. Cette baisse des coûts est répercutée vers le consommateur dans les secteurs fortement concurrentiels : ainsi le prix des télécoms a baissé de 10% en 2013. La concurrence fait son œuvre aussi dans la grande distribution dont les prix ont baissé de 0,2% en un an.

Ensuite, le mois de janvier est un mois de soldes, ce qui explique la baisse des prix. Sur un an, on retrouve la tendance qui fut celle de 2013 : de janvier 2013 à janvier 2014, l’inflation a été de 0,7% et 0,7 % a été le taux de 2013 après une hausse de 2 % en 2012. Néanmoins, cet effet aurait dû être en partie neutralisé par la hausse de la TVA, ce qui n’a guère été le cas.

Enfin certains prix baissent hors évolution technologique : c’est le cas de l’immobilier, c’est le cas de l’énergie. Il faut préciser que cela intervient après une forte période de hausse.

Parler de déflation est donc excessif. Il y a en France chez certains une nostalgie de l’inflation. André Bergeron, l’ancien leader de FO, disait que cela donnait du "grain à moudre". Quand les prix augmentaient, les salaires suivaient –plus ou moins- et cela donnait lieu à des négociations qui valorisaient les partenaires sociaux. Et puis l’inflation, c’est bien connu, efface les dettes.

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Les deux : la bonne situation, c’est la stabilité des prix.

Il faut voir qu’inflation forte finit par signifier taux d’intérêt de plus en plus haut et faible inflation taux d’intérêt très bas – c’est le cas en ce moment. En outre, on le voit en cette période de soldes, la population cherche toujours à obtenir des prix les plus bas possibles : faible inflation signifie fort pouvoir d’achat. Quant au "grain à moudre", à l’époque même d’André Bergeron, les syndicats disaient : "les prix et les salaires montent en parallèle mais les prix prennent l’ascenseur et les salaires l’escalier" ….

La déflation, si elle est réelle- c'est-à-dire si on assiste à une baisse des prix régulière et autoentretenue- retarde les achats et freine la croissance. Nous ne sommes pas dans cette situation. En fait, la faible hausse des prix traduit une faible demande. Les gens achètent avec circonspection. Mais pas parce qu’ils attendent une baisse forte des prix, mais parce que leur pouvoir d’achat est entamé.

Les périodes de reprise s’accompagnent en général d’une augmentation des revenus, donc des dépenses avec comme conséquence une pression sur les prix. Rien de tout cela ne se passe en ce moment, ce qui confirme que la reprise est poussive. Si la reprise se confirme réellement, les prix se remettront à se tendre. 

Jean-Marc Daniel