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Finances publiques

Le gouvernement encore trop optimiste sur la croissance

Le gouvernement pourrait abaisser sa prévision de croissance à 0,8%.

Le gouvernement pourrait abaisser sa prévision de croissance à 0,8%. - -

L'exécutif s'apprête à réviser à la baisse sa prévision de croissance pour 2014, la faisant vraisemblablement passer de 1,2% à 0,8% comme l'a indiqué le 31 juillet Pierre Moscovici. Mais ce dernier chiffre reste trop optimiste.

La France est sur le point de revoir à la baisse sa prévision de croissance. Pierre Moscovici l'a discrètement indiqué, mercredi 31 juillet, sur RTL. "Notre objectif, c'est 0,8% puis ensuite repasser nettement au-dessus de 1%, 1,5% pourquoi pas 2% en 2015 et 2016".

Dans cette dernière déclaration, Pierre Moscovici fait implicitement référence à l'année 2014. Jusque-là, le gouvernement tablait sur une croissance de 1,2% pour l'année prochaine.

Le gouvernement doit se rendre à l’évidence, sa prévision était devenue beaucoup trop optimiste: le FMI et l’OCDE tablent sur 0,8%, les experts privés, en moyenne, ne tablent que 0,5% environ, ce qui parait aujourd’hui un maximum possible!

La consommation des ménages asphyxiée

Car même pour atteindre les 0,8% que nous proposera vraisemblablement le gouvernement à l'automne, il faudrait que la croissance dépasse 0,2% chaque trimestre à partir de maintenant jusqu’à fin 2013.

Or, on voit mal d’où pourrait venir le rebond. La consommation est asphyxiée par la rigueur salariale, le chômage et les hausses d’impôts : quand on regarde toutes les enquêtes, les ménages vont se serrer la ceinture.

Le baromètre Ca Com BFM Business montre, par exemple, que les parents d’enfants scolarisés sont 35% à penser boucler leur budget de rentrée scolaire plus difficilement que l’an dernier dont 15% beaucoup plus difficilement.

Seul levier: le logement

Les exportations, elles, souffrent d’un environnement international peu porteur. De plus, les entreprises sont dans une situation financière très dégradée et craignent de nouveaux changements réglementaires et fiscaux, ce qui ne les incitera guère à investir.

Un seul levier pourrait être toutefois actionné avec un impact réel sur la croissance : le secteur du logement et de la construction, qui emploie beaucoup de main d’œuvre sur le territoire, dans un contexte de crise persistante du logement. Mais la balle est à ce sujet dans le camp du gouvernement.

0% pour l'Observatoire BFM Business

En attendant, notre "social ecorama", notre indicateur du climat des affaires à partir de l’humeur des réseaux sociaux qui avait annoncé la fin de la récession dès le printemps, se dégrade à nouveau depuis la mi-juillet. Au final, l’Observatoire BFM Business reste calé sur une prévision de 0% pour 2014.

Emmanuel Lechypre