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Finances publiques

Hollande a-t-il une cagnotte pour faire des cadeaux préélectoraux? 

Michel Sapin et François Hollande suspectés de disposer d'une cagnotte financière comme Jospin en 2000.

Michel Sapin et François Hollande suspectés de disposer d'une cagnotte financière comme Jospin en 2000. - Alain Jocard-AFP

"Voilà la cagnotte qui refait surface. Depuis que l’Insee a annoncé que les comptes publics s'étaient redressés plus vite que prévu en 2015, l’exécutif est suspecté de disposer de réserves pour financer des cadeaux préélectoraux durant l’année 2016."

"Il n'y a pas de cagnotte quand vous êtes à un déficit de 3,5%". Voilà comment Michel Sapin, le ministre des Finances, a balayé ce mardi matin sur France Inter d'un revers de main l'idée d'une manne budgétaire à la disposition du gouvernement. 

Il aura pourtant suffi que l'Insee annonce, vendredi dernier, que les comptes publics de la France s'étaient redressés plus vite que prévu en 2015 pour que l'exécutif soit suspecté de disposer de réserves pour financer des cadeaux préélectoraux en 2016. Un scénario qui rappelle l'affaire de la cagnotte de Lionel Jospin en 1999.

Jacques Chirac, qui est président de la République, veut alors piéger Lionel Jospin en accusant son gouvernement de cacher aux Français que la situation est bien meilleure que ne le dit le Premier ministre qui voudrait ainsi se garder une poire pour la soif avant la présidentielle de 2002.

Pendant un an, le syndrome de la cagnotte va pourrir la vie du gouvernement Jospin qui n’arrive pas à décider quoi faire de cette manne. On se souvient de ce qui est arrivé au premier tour de la présidentielle suivante.

Y-a-t il vraiment une cagnotte? 

Mais peut-on vraiment parler de cagnotte aujourd’hui? Non, car à l’époque, la croissance gonflait mécaniquement les rentrées fiscales de 10 milliards. Malheureusement, on n’en est pas là.

Ce qui est vrai, c’est que les comptes publics se sont redressés un peu plus vite que prévu en 2015. Et passer de 3,8% de déficit prévu à 3,5 finalement, cela correspond à 6 milliards d’euros.

Mais ces 6 milliards ne sont pas tombés dans une cagnotte. D’abord parce qu’il faut payer notre dette qui, elle, a augmenté l’an dernier – on est à près de 2.100 milliards.

Ensuite parce qu’en 2016, il va bien falloir payer les dépenses nouvelles annoncées par l’exécutif: salaire des fonctionnaires, garantie-jeune, plan emploi et sans doute bientôt geste envers les élus locaux. Il y en a déjà pour plus de 5 milliards. Et l’année est loin d’être finie.

Verdict en avril

En tout cas, le gouvernement est attendu au tournant. Dans quinze jours, il doit présenter à l’Assemblée et à Bruxelles ses prévisions budgétaires pour la fin du quinquennat.

On verra à ce moment s’il revoit à la hausse ses prévisions. Et s’il promet de réduire davantage le déficit en 2016, qui doit être à 3,3% en fin d’année. Un objectif à priori atteignable désormais.

Pressions à droite et à gauche

L’intérêt de l’opposition est donc de laisser croire qu’il existe bien une cagnotte pour pousser François Hollande et Manuel Valls à la faute, en clair qu’ils lâchent sur les dépenses au détriment de la réduction du déficit. Exactement comme Lionel Jospin en son temps.

Mais à gauche, l’affaire de la cagnotte supposée va aussi laisser des traces. Déjà, ceux que l’on appelle les frondeurs sont montés au créneau pour réclamer des mesures de relance. Ils ne sont pas les seuls. Dimanche soir, sur BFMTV, Laurent Berger, le patron de la CFDT, demandait également de relancer les investissements.

On le voit, l’affaire de la cagnotte va accroître la pression sur l’exécutif à mesure que l’on va avancer dans l’année.

P.C