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Finances publiques

Hollande: retour aux (dures) réalités économiques

François Hollande face à la baisse du déficit

François Hollande face à la baisse du déficit - -

Si l’exécutif n’en a toujours pas fini avec les conséquences de l’affaire Cahuzac, il va devoir justifier une nouvelle fois cette semaine sa politique économique. Mercredi 17 avril, les prévisions budgétaires seront adoptées en Conseil des ministres avant d’être transmises à Bruxelles en fin de mois.

Ce lundi 15 avril va incontestablement être marqué par la publication officielle en fin de journée du patrimoine des ministres, selon la promesse de François Hollande. C’est oublier que la semaine va aussi être dominée au plan politique et économique par l’adoption, mercredi, en Conseil des ministres, de la "trajectoire des finances publiques" pour 2013 et 2014. Elle doit en particulier avaliser le recul de la prévision de croissance pour cette année de 0,8% à un petit 0,1%.

Cette "trajectoire" sera ensuite transmise à la Commission européenne en fin de mois afin que celle-ci examine les efforts de Paris pour ramener son déficit public dans l’épure européenne qui prévoyait initialement 3% du PIB fin 2013. Un objectif totalement illusoire puisque la France devrait finir l’année à 3,7% selon la nouvelle prévision gouvernementale reprenant d’ailleurs celle de Bruxelles.

L’UMP ne croit guère à ce scénario : Gilles Carrez, le président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, craint que ce déficit dépasse finalement 4% en raison des mauvaises rentrées fiscales durant l’année.

Un peu court

Paris espère en tout cas que Bruxelles donnera à la France, comme d’ailleurs à d’autres pays, un délai supplémentaire d’au moins un an pour parvenir à ce résultat. Le gouvernement Ayrault devrait promettre de ramener le déficit public "sous les 3% en 2014" comme l'a rappelé Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, sur BFMTV dimanche 14 avril.

Une perspective qui, visiblement, est jugée un peu "courte" par le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn qui aurait souhaité 2,5%. Il l’a dit à Pierre Moscovici, vendredi 12 avril, à l’occasion de la réunion des ministres des finances de l’UE, à Dublin.

Dans ces conditions, Bruxelles accordera-t-elle avant l’été le délai que réclame Paris ? Sans doute oui, mais à condition que la France démontre que ses efforts de réduction du déficit et les réformes structurelles engagées sont bien réels.

Débat sur l'austérité

Dans ce contexte, la récente polémique sur la nécessité d’en finir avec l’austérité lancée par plusieurs ministres dont Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, est tombée au plus mauvais moment.

C’est pourquoi François Hollande a dû taper du poing sur la table, l’autre mercredi à l’issue du Conseil des ministres, pour rappeler qu’aucun changement de cap économique n’était envisagé. Vendredi 12 avril, sur RTL, et le lendemain lors du conseil national du PS, Jean-Marc Ayrault a enfoncé le clou en affirmant que sa politique "n’était pas une politique d’austérité", et en mettant en garde ses ministres qui réclament une autre ligne.

Mais puisqu’il n’y aura pas de changement de cap, le gouvernement se retrouve au pied du mur. Il va devoir préciser très vite, à l’intention de Bruxelles mais aussi de l’opinion française, ses intensions sur plusieurs dossiers complexes sur lesquels il a jusque là botté en touche: les économies budgétaires pour 2014, la réforme des retraites, celle des prestations familiales, les mesures en faveur des créateurs d’entreprise, l’avenir de la défense nationale…

Avant le déclenchement de l’affaire Cahuzac, et la polémique sur l’austérité, François Hollande pouvait espérer disposer d’un relatif soutien de l’opinion pour faire passer des réformes douloureuses, en particulier en matière sociale. Désormais, la cote de l’exécutif est telle que le discours du Président et de son Premier ministre est devenu inaudible.

Patrick Coquidé