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Hollande va-t-il tenir sa ligne pro-entreprises? 

Une partie de la gauche réclame une réorientation du pacte de responsabilité

Une partie de la gauche réclame une réorientation du pacte de responsabilité - AFP

"La seconde étape du pacte de responsabilité entre en vigueur vendredi avec un nouvel allègement de charges. Mais avec la contestation de la loi El Khomri, l'exécutif pourra-t-il tenir encore longtemps sa ligne pro-entreprises? "

C’est une drôle de coïncidence: ce 31 mars, les opposants à la réforme El Khomri censée favoriser l’emploi sont dans la rue, et demain entre en vigueur la deuxième étape de la baisse de charges prévue au pacte de responsabilité. Baisse de charges qui, elle aussi, doit favoriser les créations d’emploi. 

Pourtant, cette baisse de charges suscite toujours les critiques de la gauche du PS. Vu la fragilité de l’exécutif avec la contestation de la loi El Khomri, le gouvernement pourra-t-il tenir encore longtemps sa ligne pro-entreprises à l’approche de la présidentielle?

Reste 8 milliards à distribuer

Rappelons que cette nouvelle baisse de charges qui va concerner tous les salaires jusqu’à 5.133 euros bruts, soit 90% des salariés, devait initialement entrer en vigueur au 1er janvier. Le gouvernement l’a repoussée de 3 mois pour financer une autre mesure concernant l’investissement des PME.

Mais si l’on prend globalement le fameux pacte de responsabilité, 33 milliards sur les 41 promis sont en passe d’être dépensés. Reste donc 8 milliards à distribuer avant la fin du quinquennat dont une baisse de l’impôt sur les sociétés. En principe, du moins. 

Les collectivités plutôt que les entreprises? 

Le gouvernement a pourtant juré ses grands dieux que le pacte de responsabilité serait appliqué en totalité. Oui, mais c’était avant la grogne contre la loi El Khomri et la descente aux enfers de François Hollande et Manuel Valls dans les derniers sondages.

Visiblement, la gauche de la gauche a repris du poil de la bête. D’ailleurs en début de semaine, plusieurs députés PS ont réclamé une nouvelle fois de consacrer l’argent restant du pacte non aux entreprises mais à la relance des investissements publics, en particulier dans les collectivités locales.

Et puis, il ne faut pas oublier que Manuel Valls lui-même, l’homme qui aime l’entreprise, a menacé mi-février de conditionner les aides aux engagements en matière d’emploi. La menace tient toujours.

Surenchère à droite

En tout cas, en face, tous les prétendants Républicains à l’Elysée promettent des nouvelles baisses de charges pour 2017. C’est effectivement le dénominateur commun des Sarkozy, Juppé, Fillon ou Le Maire. Et c’est même à celui qui en promet le plus.

À ce jeu, Fillon a visiblement pris une longueur d’avance puisqu’il affirme que toutes les baisses de prélèvements doivent profiter aux entreprises dans un premier temps et non aux ménages. Pas sûr que ce soit très vendeur lors d’une campagne électorale. C’est peut-être même la chance de la gauche.

P.C