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Ce qu'il faut retenir du plan climat de Hulot

Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, a dévoilé son plan quinquennal pour le climat ce jeudi. En voici les principales mesures.

Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a dévoilé son plan climat ce jeudi, qui vise notamment à rendre "irréversible" l'Accord de Paris, a-t-il déclaré. Tout au long de son discours, il a martelé sa volonté d'associer ONG et citoyens "aux décisions que nous allons prendre". Toutes les mesures qu'il annonçait aujourd'hui pourront ainsi être revues et corrigées avec leur participation, a-t-il assuré. Passage en revue, thème par thème. 

> Sur l'automobile

Parmi les premières mesures listées, une prime pour les Français qui voudraient remplacer leur voiture polluante par un véhicule plus propre. Nicolas Hulot a en effet indiqué qu'il souhaitait "accélérer le développement des aides pour les voitures les moins polluantes". Concrètement, "le gouvernement proposera à chaque Français une prime pour remplacer leur voiture diesel d'avant 1997 ou essence d'avant 2001 par un véhicule neuf ou d'occasion", a-t-il expliqué. 

Cette mesure constitue l'un des 6 axes de la politique écologique qu'entend mettre en oeuvre le gouvernement. Selon le ministre, elle fait partie de celles qui donnent tout son sens au terme "Solidarité" dans la dénomination de son portefeuille ministériel (ministre de la Transition écologique et solidaire, NDLR). Cette "notion de solidarité (…) doit faire en sorte que ceux qui sont victimes d'une double, triple peine, soient prioritaires", a expliqué le ministre. 

Toujours sur cette thématique, "nous annonçons la fin de la vente de véhicules à essence ou diesel d'ici 2040", a dit Nicolas Hulot, citant l'exemple d'un "constructeur européen", en l'occurrence Volvo, qui "comme d'un fait exprès", a annoncé la veille s'être fixé cet objectif pour 2019. "Les solutions sont là, nos propres constructeurs ont dans leurs cartons de quoi assurer cette promesse", a-t-il ajouté, concluant qu'il s'agissait là d'un "agenda de santé publique".

> Sur le logement

L'État fournira gratuitement aux plus modestes "un diagnostic pour chaque locataire et propriétaire en situation de précarité énergétique", des Français qui souffrent d'une "double peine", a estimé le ministre: d'une part ils ont froid et d'autre part, leur budget chauffage dépasse désormais leur budget nourriture. Les "passoires thermiques", ces bâtiments mal isolés et consommant trop d'énergie, doivent être éradiquées dans les "dix ans" à venir, a déclaré Nicolas Hulot. "Dans ce délai de dix ans, on va faire disparaître tout ce qu'on appelle les passoires thermiques", a-t-il dit, relevant que "le sujet de l'efficacité énergétique est un sujet où tout le monde gagne".

L'ex-présentateur d'Ushuaïa a par ailleurs proposé de permettre à davantage de Français de consommer leur propre électricité. "Ils sont 14.000 à le faire aujourd'hui, et 350.000 producteurs individuels à revendre leur production à EDF", a-t-il compté. "On peut aller encore plus loin. Produire son énergie et la consommer soi-même, tout le monde en a envie". 

> Sur les énergies fossiles

"Tout doit disparaître". C'est un peu le sens du message de Nicolas Hulot concernant ces sources d'énergie dont l'exploitation nuit à l'environnement. Par exemple, "le charbon représente 5% de notre production d'énergie, c'est peu mais c'est déjà trop", a-t-il estimé. Il compte donc faire en sorte que la France n'exploite plus du tout de charbon "mais en accompagnant les salariés qui pourraient être impactés". Par exemple, avec des "contrats de transition dans beaucoup de secteurs pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de perdants". 

Mesure tout aussi drastique: Nicolas Hulot vise l'"interdiction de tout nouveau projet d'exploitation de pétrole, de gaz, de charbon. Y compris pour toutes les énergies non-conventionnelles, (comprendre le gaz de schiste, NDLR)". "Nous proposerons une loi en ce sens à la fin de l’été ou au début de l’automne au Parlement". Ainsi, a-t-il promis "en 2040, l'exploitation d'énergie fossile sera terminée sur le sol français". 

> Sur le réchauffement climatique

Nicolas Hulot souhaite "renforcer le prix du carbone", et même le rendre "évolutif, ainsi on introduit un avantage compétitif à l'économie non-carbonée. On va dépasser l'objectif du prix carbone à 100 euros", a-t-il annoncé, sans toutefois préciser le montant envisagé. Ce nouveau prix figurera "dans la prochaine loi de finance", a-t-il précisé, et d'ajouter que "la France va s'engager à la neutralité carbone à l'horizon 2050".

"Hors sol, tout ça paraît très facile", a-t-il reconnu, et il comprend que toutes ces annonces puissent susciter des inquiétudes "chez les citoyens modestes". C'est pourquoi elles seront assorties de "tas d'accompagnements, comme le chèque énergie", a-t-il indiqué.

Quant aux difficultés liées aux problématiques environnementales mondiales, qui dépassent le champ d'action de la France, Nicolas Hulot a défini une stratégie de "diplomatie climatique". Il entend par exemple "soutenir les acteurs non-gouvernementaux qui agissent pour le climat". Par exemple aux États-Unis, où le nouveau président vient de renier les engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris. À ce titre, "je ne confonds pas l'attitude brutale de l'administration de M. Trump avec l'état d'esprit des États-Unis", a-t-il souligné. 

N.G.