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"Il y aura de plus en plus de femmes parmi les leaders économiques de demain"

Anne Lauvergeon, présidente de la Commission innovation 2030, aux côtés d'Arnaud Montebourg, alors ministre de l'Economie, et de François Hollande.

Anne Lauvergeon, présidente de la Commission innovation 2030, aux côtés d'Arnaud Montebourg, alors ministre de l'Economie, et de François Hollande. - Bertrand Guay - AFP

Chaque année, l'institut Choiseul publie son top 100 des leaders économiques de demain. En 2014, ce classement ne comptait que 32% de femmes et seulement trois d'entre-elles figuraient dans le top 10. Antoine Hillion, responsable études et innovation à Choiseul, revient pour BFMBusiness.com sur les grandes tendances de ce classement.

L'institut Choiseul publie chaque année un classement* dans lequel il répertorie les 100 "leaders économiques de demain". "Nous souhaitons mettre en avant cette nouvelle génération de jeunes dirigeants qui avancent, qui innovent, qui entreprennent", explique le responsable de cette étude, Antoine Hillion. Seulement, cette "nouvelle génération" n'est pas très féminine: le classement ne contient dans son top 10 que trois femmes. Antoine Hillion revient pour BFMBusiness.com sur les tendances que ce classement Choiseul met en avant.

> Seules trois femmes dans le top 10

Marguerite Bérard-Andrieu (36 ans, directrice générale adjointe du groupe BPCE), Florence Verzelen (35 ans, directrice du plan de performance de GDF Suez) et Marie Cheval (39 ans, PDG de Boursorama) sont les trois seules femmes à figurer dans le top 10 du classement Choiseul.

Ce manque de représentativité des femmes s'explique, selon Antoine Hillion, par le manque d'ouverture des conseils d'administration des grandes entreprises, mais aussi de leurs comités exécutifs. "En France, le schéma de gouvernance des grands groupes est encore très traditionnel. Le renouvellement des instances dirigeantes se fait au compte-goutte", estime le responsable des études.

> Une situation en train de changer

Selon Antoine Hillion, la situation est en train de changer. "La nouvelle génération bénéficie des efforts réalisés par celles qui la précèdent. N'oublions pas que la plupart des grandes écoles (Polytechnique, HEC, ESSEC,...) ne s'ouvrent aux femmes qu'à partir du début des années 1970. Et qu'au delà de l'ouverture aux concours d'accès, il aura fallu des années pour faire évoluer les mentalités."

Cette grande démocratisation des hautes études chez les femmes aura à terme un impact fort: "Nous avons un système de nomination à la tête des entreprises du Cac 40 qui est aujourd'hui encore très politique. Il existe des 'pré carrés'. Ainsi, telle ou telle entreprise ne nomme jamais à sa tête une personne qui n'a pas fait Polytechnique par exemple..." Or, selon lui, en intégrant de plus en plus les grandes écoles, les femmes auront mécaniquement davantage de chances d'être nommées à des postes prestigieux.

Ce mouvement pourrait aussi être favorisé par les effets de la loi Zimmermann-Copé, qui fixe des quotas pour les entreprises de plus de 500 salariés et de plus de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires. Les conseils d'administration et les conseils de surveillance de ces entreprises doivent ainsi comporter un minimum de 20% de femmes en 2014 et de 40% en 2017. "On pense donc qu'il y aura de plus en plus de femmes. Et d'ailleurs, celles-ci prennent déjà toute leur place", explique Antoine Hillion. Ce dernier assure qu'au fil des ans les femmes auront une place grandissante dans l'économie française et donc dans le classement Choiseul 100.

> Présentes dans la finance et les grandes administrations

Le classement Choiseul 100 met en lumière d'autres caractéristiques sur la présence des femmes en entreprise: "Certains secteurs d'activité ont un vrai temps d'avance. C'est notamment le cas de la finance ou de la haute administration", raconte Antoine Hillion. Selon lui, l'explication est simple: "Ce sont des branches professionnelles qui privilégient les profils issus d'écoles de commerce ou de Science Po."

En revanche, l'étude démontre que les femmes ont encore des difficultés à atteindre des postes à haute responsabilité dans le secteur de l'industrie "traditionnelle", et en particulier dans celui de l'énergie. "Bien que la proportion de femmes dans les écoles d'ingénieurs s'accroisse chaque année, ces formations restent encore en retrait sur ce point", explique le responsable des études de Choiseul.

> La première femme, Marguerite Bérard-Andrieu

"C'est celle qui ira le plus loin." Marguerite Bérard-Andrieu est troisième du classement Choiseul 100. Elle est donc la première femme. "Elle est extrêmement brillante", estime Antoine Hillion. Son parcours est en effet impressionnant: major à l'ENA de la promotion Léopold Sédar Senghor en 2004 (la même qu'Emmanuel Macron), elle est notamment passée par Sciences-Po et Princeton.

Elle a déjà, à 36 ans, été conseillère à la présidence de la République entre 2007 et 2010 lorsqu'elle était à l'Inspection des Finances, mais aussi directrice du cabinet du ministre du Travail entre novembre 2010 et mai 2012, raconte Terrafemina. "Elle dirigera une grande banque française dans les vingt prochaines années", prophétise Antoine Hillion.

* Le classement Choiseul 100 est composé de plusieurs indicateurs: image et réputation, parcours et compétences, pouvoirs et fonction, influence et réseaux, potentiel et leadership. Mais selon Antoine Hillion, le but n'est pas vraiment de classer car il peut être "délicat de comparer" les personnalités figurant dans le classement. Il s'agit plutôt selon lui "d'une photographie à un 'instant T' avec tendance 'projectiviste'".

Maxence Kagni