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Finances publiques

ISF: Darmanin "favorable" à une plus forte taxation des yachts et des jets

Gérald Darmanin a évoqué "des produits ostentatoires"

Gérald Darmanin a évoqué "des produits ostentatoires" - BFMTV

Invité de BFM Politique ce dimanche, le ministre de l'Action et des Comptes publics a affirmé être favorable à une initiative parlementaire qui taxerait davantage les signes extérieurs de richesse, sortis de l'ISF.

Gérald Darmanin donne en quelque sorte son feu vert. Invité de BFMTV ce dimanche, le ministre de l'Action et des comptes publics a affirmé être "favorable" à ce que les jets et les yachts, qui vont être sortis de l'ISF, soient davantage taxés, via un amendement parlementaire.

"Si votre question c'est 'est ce qu'on est favorable à surtaxer les produits ostentatoires comme les yachts ou les jets' la réponse est 'oui j'y suis favorable'", a-t-il déclaré. Pourquoi le gouvernement ne l'a pas déjà fait? "Il y a un débat parlementaire", répond-il, ajoutant que "nous et la majorité parlementaire c'est la même chose".

Mesure à 3,2 milliards d'euros

Dans le projet loi de Finances pour 2018, le gouvernement supprime en effet l'ISF pour le remplacer pour un impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui n'a pour assiette que les propriétés immobilières, excluant de facto le patrimoine financier mais aussi les voitures de luxe, les lingots d'or ou encore les yachts et les jets, ce que l'on appelle les signes extérieurs de richesse. Cette mesure à 3,2 milliards d'euros a été critiquée comme étant un "cadeau" aux riches.

Des députés LaREm, comme le rapporteur au Budget Joël Giraud ont ainsi manifesté leur volonté de taxer davantage ces biens via des amendements au projet de Budget pour 2018.

"Ce que l'on souhaite c'est créer un impôt sur l'immobilier qui n'est pas plus élevé que l'ISF (qu'il a qualifé d'impôt "idiot", NDLR) car on veut que l'argent qui est celui qui créé des PME, des start-ups, et de la richesse puisse être encouragé dans l'économie", a poursuivi Gérald Darmanin.

"Volontés de correction"

"Ensuite, s'il y d'ici et de là part de la majorité parlementaire des volontés de correction et notamment sur les signes ostentatoires de richesses, les yachts et les jets par exemple, à condition que ce ne soit effectivement pas la foire fouille aux idées les plus farfelues, moi personnellement j'y suis favorable", a-t-il ajouté.

Interrogé sur le fait que le gouvernement aurait très bien pu lui-même couper court à la polémique en excluant ces "signes ostentatoires", Gérald Darmanin a ironisé: "On pourrait supprimer le Parlement aussi ce serait bien plus efficace".

Et a ensuite voulu dédramatiser le débat: "Ce n'est pas une polémique.on peut s'arrêter sur les quelques dizaines de yachts qui sont sous pavillons français et peut être même les quelques centaines de Ferrari que quelques contribuables riches peuvent avoir. Mais ce qui est intéressant ce sont les 10 millions de chômeurs, ce qui est intéressant ce sont les familles monoparentales qui n'arrivent pas à finir leurs fins de mois".

Augmenter des taxes spécifiques

Concernant le mode d'action précis des futurs amendements, Gérald Darmanin a indiqué qu'il ne s'agira pas de réintégrer les signes extérieurs de richesses dans l'IFI, mais de jouer sur d'autres leviers existants. "S'il faut surtaxer il y a des taxes qui existent déjà pour les Ferrari et des yachts, on peut augmenter ces taxes pour montrer que symboliquement ce budget n'est pas un budget des riches", indique-t-il.

Il est ainsi sur la même ligne que son colocataire à Bercy Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie. Invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, le ministre de l'Économie a ainsi opposer son refuse de modifier l'ISF devenu IFI, mais a indiqué que les fiscalité des yachts et grosses cylindrées pourrait augmenter.

"Un véhicule à grosse cylindrée, on peut durcir le malus sur la pollution. Je suis également prêt à envisager une nouvelle tranche pour la taxe de francisation, en fonction de la taille du bateau, avec deux limites: attention à la filière des voiliers et à une fiscalité trop lourde sur les yachts, risquée pour les ports", a détaillé Bruno Le Maire.

François de Rugy également favorable

Le président de l'Assemblée nationale François de Rugy (LREM) s'est lui aussi dit ce dimanche favorable à la taxation des oeuvres d'art et des yachts de luxe. "J'ai toujours été pour l'intégration des oeuvres d'art dans l'ISF", a dit le député de Loire-Atlantique dans l'émission "Dimanche en politique", sur France 3, regrettant que les milieux spécialisés s'y soient opposés.

"Pour les yachts de luxe, ça paraît logique", a-t-il ajouté, même si "vous allez avoir pour les yachts de luxe (...) des chantiers navals français qui réparent et construisent ces yachts de luxe qui vont dire 'non, ne faites pas ça'".

J.M.