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"Je me réjouis que Bill Gates soit venu à l'appui de ma taxe sur les robots"

Invité de BFMTV-RMC, Benoît Hamon a insisté sur le fait que sa proposition de taxe vise à assure la protection sociale des nouvelles générations. Le candidat PS à l'élection présidentielle s'est aussi attaqué à Google et Apple, champions de l'évasion fiscale.

"Je me réjouis que Bill Gates soit venu à l'appui de ma taxe sur les robots". Invité ce vendredi de BFMTV-RMC, Benoît Hamon ne pouvait manquer l'occasion de mettre en avant ce "soutien" américain. Le candidat PS à l'élection présidentielle a fait de la taxation des robots pour lutter contre le déficit de financement de la protection sociale l'un des axes majeurs de son projet présidentiel. 

Son raisonnement est simple: "Si demain une machine remplace un homme et crée de la richesse, il est normal qu'elle cotise. Il faut une fiscalité qui se fonde non pas sur le nombre de travailleurs qu'il y a dans notre entreprise, mais sur la richesse créée par l'entreprise". Et il assez proche de ce lui que défend le fondateur de Microsoft. "Si un travailleur humain produit pour 50.000 dollars dans une usine, ce revenu est taxé: impôt sur le revenu, cotisations sociales. Si un robot fait le même travail, on peut imposer le robot à un niveau équivalent" avait expliqué Bill Gates dans un entretien au site d"informations Quartz.

Si Benoît Hamon milite pour cette taxe, c'est parce qu'il veut que "les nouvelles générations soient aussi bien protégées que nous". Et il réfute l'argument selon lequel les pays qui ont le plus robotisé leur industrie sont aussi ceux qui s'en sortent le mieux sur le plan économique, avec un niveau de chômage bien plus bas qu'en France: "En Allemagne, il y a beaucoup de robots mais 17% de la population vit sous le seuil de pauvreté", insiste-t-il en réponse à la question d'un auditeur.

Google et Apple dans le viseur

Par ailleurs, pour éviter que les grands groupes échappent à l'impôt, le candidat socialiste veut "que soit mis en avant un reporting pays par pays des bénéfices des grandes entreprises". Et d'ajouter: "Je veux savoir où les entreprises réalisent leur chiffre d'affaires et leurs bénéfices de façon à ce qu'on n'ait pas de systèmes d'évasion fiscale qui consiste à faire beaucoup de profits en France et déclarer ses bénéfices dans je ne sais quel paradis fiscal pour échapper à l'impôt."

Benoît Hamon vise notamment "les grands géants du numérique, les Google, les Apple": "il n'est plus possible qu'ils échappent à l'impôt, qu'ils ne contribuent pas à la création, à la diversité culturelle comme la plupart des entreprises aujourd'hui qui diffusent des contenus culturels. Sinon demain nous accepterons que nos artistes ne soient plus rémunérés pour ce qu'ils créent et nous accepterons surtout que les entreprises qui créent assez peu d'emplois mais font des bénéfices faramineux chez nous continuent à ne pas payer d'impôt."

Éradiquer la pauvreté, première mission du revenu universel

Concernant le revenu universel, Benoît Hamon affirme qu'il doit permettre d'éradiquer la pauvreté. "Il faut revaloriser le RSA et le porter à 600 euros. Puis il connaîtra une montée en puissance tout au long du quinquennat". Le candidat réaffirme que "le revenu universel d'existence est un revenu complémentaire pour celui qui travaille. Il faut augmenter le pouvoir d'achat des plus modestes".

Le candidat socialiste ne rendra public que la semaine prochaine la façon dont il compte financer ce revenu universel, mais il a néanmoins laissé entendre qu'une partie du pacte de responsabilité ou du CICE pourrait y être réallouée.

Privilégier l'accès des PME aux commandes publiques

Benoît Hamon a annoncé vouloir favoriser l'accès des petites et moyennes entreprises françaises à la commande publique et "créer un écosystème favorable à initiative privée". "Je reprendrai une idée développée par Arnaud Montebourg sur l'accès privilégié des PME françaises à la commande publique", a déclaré l'ancien ministre de l'Education, reprenant donc la proposition de son ancien adversaire à la primaire, devenu depuis chargé des relations internationales dans sa campagne.

Benoît Hamon a également déclaré vouloir "réduire les intermédiaires, favoriser les circuits courts". "Je veux y travailler aussi bien pour ce qui est des relocalisations, que pour ce qui est de la redirection de la commande publique vers les petites PME", a-t-il ajouté.

La pénibilité "au coeur de toute réforme des retraites"

Benoît Hamon a affirmé vouloir mettre la pénibilité "au coeur de toute réforme des retraites". "La priorité des priorités, plutôt que jouer sur le travailleur du privé contre le travailleur du public, c'est de considérer que la pénibilité doit être au coeur de toute réforme des retraite".

"On doit se concentrer non pas sur l'âge légal et la durée de cotisation pour tous, ce n'est pas ma priorité aujourd'hui, mais sur les conditions de départ de ceux qui ont eu les métiers les plus pénibles", a développé l'ancien ministre de l'Education.

Benoît Hamon a par ailleurs précisé sa proposition de "garantie service public universelle". Il s'agit, a-t-il dit, d'assurer à tous les Français "un panier" de "services publics fondamentaux" accessibles "à moins de 30 minutes", comme un médecin, un accueil de jour Alzheimer, ou encore une crèche municipale, a-t-il cité.

D. L.