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Julia Cagé: "L'austérité ne fonctionne pas"

Julia Cagé, économiste affiliée à Benoît Hamon, était l'invitée de Nicolas Doze dans Les Experts ce vendredi.

Julia Cagé, économiste affiliée à Benoît Hamon, était l'invitée de Nicolas Doze dans Les Experts ce vendredi. - BFM Business

L'économiste Julia Cagé, qui fait campagne pour le socialiste Benoît Hamon, a détaillé ce vendredi dans Les Experts la philosophie qui sous-tend les propositions économiques du candidat à la présidentielle.

L'économiste Julia Cagé, engagée auprès de Benoît Hamon, était l’invitée de Nicolas Doze dans Les Experts ce vendredi. Elle y a donné davantage de détails sur le programme du candidat socialiste après son grand oral jeudi, en particulier sur ses mesures phares. Voici ce qu'il fallait en retenir:

> Sur la dette de la France

"Nous voulons faire un nouveau traité avec nos partenaires européens à qui l'on va proposer de mutualiser la part de la dette nationale au-delà de 60% du PIB. Si ce moratoire est adopté, ce ne sera qu'en accord avec nos partenaires européens, et il devra porter sur l'ensemble des dettes européennes. Il n'est pas question que la France seule fasse un moratoire sur sa dette", a expliqué Julia Cagé.

Benoît Hamon a déjà rédigé un projet de traité européen en plusieurs langues qui, s'il est élu, sera "proposé et discuté avec l'ensemble de nos partenaires", souligne Julia Cagé. Ce texte répond à sa volonté "d'une part d'introduire davantage de démocratie en Europe", et d'autre part "de sortir de cette crise qui nous a été importée directement des États-Unis, et dont tous souffrent encore dans la plupart des pays européens parce que nous avons choisi la stratégie de l'austérité", estime l'économiste.

> Sur l'austérité

"Énormément de pays européens, à commencer par l'Italie, sans parler de la Grèce, dépensent plus en intérêts sur leur dette que pour la recherche, l'université, la formation des étudiants", pointe-t-elle, estimant que "ce n'est pas une situation qui est tenable puisqu'elle fait qu'on souffre de l'austérité, on a une baisse de son pouvoir d'achat, et surtout, qu'on ne prépare pas le futur".

Pour elle, comme pour le candidat auprès duquel elle milite, "l'austérité ne fonctionne pas, les Français le vivent dans leur quotidien. Le PIB français, en 2017, a à peine retrouvé son niveau de 2007, sauf qu'entre-temps, la population française s'est accrue, ce qui veut dire que la richesse par tête a diminué", établit-elle. "Pour sortir de l'austérité et relancer la croissance, il faut faire de la dépense, donc pendant les premières années du quinquennat, de facto, nous allons dépasser les 3%, mais d'ici la fin du quinquennat, grâce aux mesures et aux recettes que nous avons détaillées, nous allons revenir à 2,7%".

> Sur l'éventuelle opposition de l'Allemagne

"De manière assez significative, jeudi à Berlin, Angela Merkel a dit qu'elle souhaitait rencontrer Benoît Hamon. C'est bien qu'elle voit un intérêt dans ses propositions", a rappelé l'économiste. Par ailleurs "tout le monde s'imagine que l'Allemagne n'est que celle de Madame Merkel, or quand on regarde les sondages, elle a une probabilité non négligeable de perdre les prochaines élections. Et si Martin Schulz est élu, il est beaucoup plus opposé à l'austérité qu'elle ne l'est". Et dernière chose, "même s'il n'y a pas de changement de majorité en Allemagne, la composition du Parlement européen que nous proposons, qui serait calquée sur celle des Parlements nationaux, mettrait l'austérité en minorité", conclut-elle. D'autant que, affirme-t-elle, "tout le monde est d'accord pour dire que même les Allemands profiteront d'une relance de la zone euro".

> Sur la fusion IR-CSG et le revenu universel d'existence

La fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG ne peut pas intervenir "à horizon de janvier 2018. Elle sera faite à la fin du quinquennat", explique Julia Cagé. En attendant, "au 1er janvier 2018, on introduit le revenu universel d’existence". Ce revenu universel d'existence associé à un "acquis du quinquennat" qui s'achève, le prélèvement à la source, "crée en lui-même une vraie réforme fiscale", détaille-t-elle. Voici comment: "Jusqu'à présent, nous n'avions qu'un prélèvement à la source. Avec le revenu universel qui s'ajoute en-dessous d'un certain niveau de revenu et de salaire, on lui adjoint un versement à la source. Une sorte de crédit d'impôt, qui figure sur la fiche de paie, de 600 euros par mois. Ce revenu va aussi augmenter chaque mois le salaire net des Français au Smic, de 200 euros. Ce qui veut dire qu'on réintroduit beaucoup plus de progressivité dans le système fiscal actuel". En outre, cela permet "de redonner immédiatement du pouvoir d'achat aux ménages dont les salaires sont relativement faibles".

>> L'intégralité de l'émission Les Experts est à retrouver ici

Nina Godart (texte), Camille Voisin (vidéo)