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Finances publiques

Le gouvernement veut relâcher la pression fiscale

Le ministère des Finances table sur un taux de prélèvements obligatoires moins fort

Le ministère des Finances table sur un taux de prélèvements obligatoires moins fort - Loïc Venance - AFP

"Bercy a livré ce mercredi 13 avril le programme de stabilité, un document envoyé à Bruxelles qui fait l'inventaire des prévisions économiques sur lesquelles l'Hexagone va bâtir ses textes budgétaires. Le ministère des Finances a revu à la baisse ses prévisions d'inflation et de prélèvements obligatoires."

Longtemps la France a été rangée du côté des mauvais élèves de l'Europe. Le programme de stabilité présenté ce mercredi matin par Bercy semble désormais indiquer que l'Hexagone est sur la bonne voie pour quitter ce bonnet d'âne dont ses voisins l'affublent parfois.

Pour rappel, le programme de stabilité est un document qu'il faut envoyer chaque année à Bruxelles pour que la Commission européenne vérifie que le pays est bien dans les clous budgétaires. Ce texte fait ainsi l'inventaire des prévisions économiques sur lesquelles le gouvernement se base pour construire ses futurs textes budgétaires. "C'est annoncer comment on voit venir les trois prochaines années", résumait mardi sur BFM Business le secrétaire d'État au Budget, Christian Eckert.

Et pour ce qui est de cette mouture 2016, Bercy a choisi de garder le cap. Ainsi, par rapport à ses prévisions économiques prévues dans la loi de Finances, beaucoup de choses sont maintenues. C'est le cas de la croissance: le ministère des Finances table toujours sur 1,5% aussi bien pour 2016 que pour 2017. Soit des chiffres plus optimistes que le FMI (qui prévoit 1,1% en 2016 et 1,3% en 2017) ou même que la Commission européenne elle-même qui n'anticipe que 1,3% pour 2016.

3,8 milliards d'économies en plus

De même, Bercy maintient sa trajectoire de déficit: 3,3% en 2016 puis 2,7% en 2017. Ce qui n'est pas très surprenant. Il y a deux semaines, Michel Sapin annonçait fièrement que la France avait fait mieux que prévu en 2015, ramenant le déficit à 3,5% du PIB (contre un objectif initial de 3,8%). Ce qui permettait à Paris de bomber le torse face à Bruxelles et d'envisager sereinement l'épreuve du programme de stabilité.

Reste un hic: l'inflation. Contrairement à l'automne dernier, Bercy se rend bien compte que les prix ne décollent pas et a ainsi revu à la baisse sa prévision d'inflation de 1 à 0,1%. Or cela n'est pas sans effet sur les finances publiques puisqu'une inflation moins forte signifie mécaniquement moins de recettes de TVA. En outre, les économies attendues sur le gel de certaines prestations sociales sont mécaniquement moins fortes.

Et, en plus de cela, l'exécutif va devoir financer toutes les nouvelles mesures annoncées (dégel du point d'indice des fonctionnaires, plan pour l'emploi ou pour la jeunesse). Au final, pour tenir ses objectifs de déficit, Bercy va devoir faire 3,8 milliards d'euros "d'économies nouvelles" en 2016 et 5 milliards d'euros en 2017.

Pression fiscale en baisse

Toutefois, il semble que les Français n'aient pas à craindre des hausses d'impôt pour financer cet effort. En effet, le taux de prélèvement obligatoire, qui pour faire simple, mesure la pression fiscale qu'un État impose à son économie, a en effet été revu à la baisse pour cette année, à 44,2% (contre 44,5% prévus à l'automne dernier). Signe que le ras-le-bol fiscal est toujours bien pris en compte par le gouvernement.

L'État va donc continuer à se serrer la ceinture. Ce qui, assure le gouvernement, est à sa portée. Interrogé mardi, Christian Eckert a fait valoir "que nous avons connu exactement la même situation l'année dernière et nous avons tenu nos objectifs". Le secrétaire d'État au Budget expliquait alors qu'une moindre inflation allait d'ailleurs permettre au gouvernement d'économiser une nouvelle fois sur la charge de la dette. Une importante partie des emprunts français sont en effet indexés sur l'inflation. Comme quoi, la faiblesse des prix comporte aussi son lot de bonnes nouvelles.

J.M.