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"La concurrence va faire augmenter les tarifs et désorganiser le service", selon Pierre Laurent

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce vendredi.

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce vendredi. - RMC-BFMTV

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste a estimé ce vendredi sur RMC-BFMTV que les lois européennes permettaient au gouvernement de ne pas ouvrir le rail à la concurrence. Et que le projet de réforme du ferroviaire ne résolvait aucun des problèmes de la SNCF.

C'est avec à sa veste un badge "Mon train, j'y tiens" que Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, s'est rendu sur le plateau de RMC-BFMTV. Il a commencé par se féliciter du mode d'action choisi par les syndicats pour faire grève: "une forme d'action qui respecte l'unité syndicale".

"Tous les syndicats sont dans le mouvement, c'est nouveau, c'est une très bonne nouvelle, c'est un signe que l'attaque est considérée comme très grave", a-t-il ajouté.

"Les salaires sont petits à la SNCF"

Pierre Laurent n'a pas nié que cette grève par alternance servait notamment à ne pas perdre trop d'argent, alors que les jours de piquet ne sont plus rémunérés: "les salaires sont petits à la SNCF contrairement à ce qu'on dit. Faire la grève, pour un salarié, c'est difficile, personne ne fait la grève de gaïté de cœur".

Il a en outre qualifié la décision du gouvernement d'utiliser les ordonnances de "pur scandale du point de vue du débat parlementaire et démocratique". Avant même la fin des négociations, "le gouvernement a sorti un projet de loi d'habilitation par ordonnance où tout est déjà ficelé" s'insurge Pierre Laurent.

Or, sur ce qu'il juge être les trois réels besoins de la SNCF, "des investissements, des effectifs, et régler le problème de la dette", le projet gouvernemental ne règle rien, affirme le dirigeant du PC: "il n'y a pas un investissement supplémentaire, ni un effectif mis sur la table, et rien n'est proposé sur la dette".

L'ouverture à la concurrence, qu'il voit comme un préalable à la privatisation de la SNCF, n'est "pas inéluctable", affirme Pierre Laurent. "Le règlement européen prévoit l'obligation de service public. Si le gouvernement utilise des articles de ce règlement, il peut maintenir les concessions d'exploitation du ferroviaire au service public. Il n'est pas obligé d'ouvrir au privé".

"La concurrence ne sert à rien"

D'autant que pour Pierre Laurent "la concurrence ne sert à rien: elle va conduire à augmenter les tarifs et à désorganiser le service public". Une vision que partage la ministre des transports, argue-t-il: "Élisabeth Borne, qui a été PDG de la RATP, reconnaît elle-même que si on fait de la concurrence en Ile-de-France, ça va être une pagaille monumentale".

Toutefois "le service doit être amélioré" reconnaît Pierre Laurent. "Il y a beaucoup trop de trains qui arrivent en retard, il faut de l'argent dans la maintenance". Mais alors que la SNCF est endettée de plus de 40 milliards d'euros, il faudra trouver de l'argent. Outre une taxe poids lourds et un versement additionnel "transport" des entreprises", Pierre Laurent préconise de "renationaliser les autoroutes grâce auxquelles les concessionnaires se font des rentes financières considérables, récupérer cet argent, en mettre une partie dans l'entretien des autoroutes, une autre dans le développement du ferroviaire".

En revanche, "il ne faut surtout pas mettre le doigt dans le développement d'un partenariat public-privé. Le gouvernement qui vient de dire 'surtout aucun PPP dans les prisons ça coûte une fortune' le fait dans le ferroviaire? Ça coûte des fortunes, on offre des rentes à des groupes privés".

N.G.