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La croissance liée aux "décisions du gouvernement" assure Sapin

Invité de BFMTV et RMC, le ministre des Finances s'est réjoui de l'accélération inattendue de la croissance, qui a atteint 0,6% au premier trimestre.

0,6% de croissance au premier trimestre 2015, au lieu des 0,4% prévu. Cette accélération surprise annoncée par l'Insee ce mercredi 13 mai est une bonne nouvelle pour le gouvernement. Invité de BFMTV et RMC, Michel Sapin n'a donc pas caché sa satisfaction: "Nous faisons le constat qu'il y a plus d'activité dans les commerces, plus d'activité dans les industries, et une consommation particulièrement forte" a expliqué le ministre des FInances, avant d'ajouter: "Le pouvoir d'achat, les gens ne s'en rendent pas forcément compte, mais il a été plus important que les mois précédent, grâce en particulier à la baisse des carburants, que ce soit pour se chauffer ou que ce soit pour sa voiture. Mais c'est aussi dû au fait qu'il y a eu des baisses d'impôt en fin d'année dernière".

"Ce contexte est lié à la fois à des facteurs extérieurs comme la baisse des prix du pétrole, mais aussi à des décisions du gouvernement qui ont permis aux Français de consommer plus", veut croire le ministre. "Je prends le chiffre pour ce qu'il est : une bonne nouvelle. Mais on ne peut pas simplement constater une bonne nouvelle, on doit continuer", a-t-il convenu.

 Un effet sur le chômage ?

"L'hypothèse sur laquelle nous avons travaillé pour construire le budget était de 1% de croissance en 2015. On sera à plus de 1% à la fin de l'année", garanti Michel Sapin, reconnaissant toutefois qu'il ne saurait dire à combien exactement. Ce 1% est "un plancher, le seuil sur lequel nous nous appuyons pour continuer, approfondir, rebondir".

"Ce n'est pas 0,6% de croissance sur un trimestre qui va permettre de faire baisser le chômage", nuance-t-il encore. Il faudra encore "de la croissance sur des trimestres et des trimestres". "Comme vous le savez, le chômage a peu augmenté, mais il a augmenté" sur la même période, a-t-il indiqué. En somme "0,6% sur un trimestre c'est bien, 0,6% sur tous les trimestres de l'année, c'est mieux".

Le mauvais point recouvert par ce chiffre est que les entreprises n'ont pas recommencé à investir. "L'investissement des entreprises a été stable, il n'a pas repris. L'investissement des ménages, qui est en fait le logement, celui-là est le point noir de l'activité économique en France. Les signaux sont moins négatifs qu'ils ne l'ont été, mais cela n'a pas repris. Je pense que cela va avec la confiance des ménages, un pouvoir d'achat retrouvé".

A quand la baisse du chômage ?

S'agissant de l'investissement des entreprises "c'est très important car c'est de l'emploi. Quand une entreprise achète une machine, elle embauche un jeune pour le mettre devant". A ce titre, Michel Sapin est optimiste. Citant l'enquête mensuelle sur les prévisions d'investissement des entreprises, il note que "pour la première fois depuis des années, ils répondent qu'ils comptent investir en 2015. C'est une augmentation de 7% de leurs perspectives d'investissement. Mais il faut que ça se déclenche".

Quand ce sera le cas "on pourra regarder la courbe du chômage, car c'est le moment où on la verra se stabiliser et reculer", promet le ministre. Les entreprises ont touché 8,7 milliards d'euros en 2014 via le Crédit d'impôt compétitivité et emploi. Jouent-elles vraiment le jeu? "Je ne connais pas un chef d'entreprise qui dit 'je refuse d'investir pour embêter le gouvernement'. Il y en a qui ont des arrière-pensées, qui se disent que c'est un peu tôt.

Ces patrons qui n'aiment pas le gouvernement

Le conseil que je pourrais donner à un chef d'entreprise c'est: "ne refusez pas d'investir et d'embaucher uniquement parce que vous n'aimez pas le gouvernement", indique-t-il, tout en assurant qu'il "y a aussi beaucoup de chefs d'entreprises qui aiment bien le gouvernement".

Ce qu'il souhaite, c'est que ces dirigeants "regardent la réalité de leur entreprise, celle de l'économie française et européenne. Cette réalité est que ça va mieux et que le moment est venu d'investir". Pour autant, il n'a pas "d'ordre à donner", mais "c'est le moment d'y aller, sinon ils vont perdre de l'argent et ce serait dommage pour eux". 

De nombreux facteurs exogènes ont participé à l'accélération de la croissance: baisse du pétrole et de l'euro, politique de la BCE… Pour autant, "sur le prix du pétrole, nous n'y sommes pour rien, sur la baisse de l'euro, nous y sommes pour quelque chose. Depuis le milieu de l'année dernière, nous avons dit que l'euro était trop élevé et que les taux d'intérêt devaient continuer à baisser. La Banque centrale européenne, de manière indépendante mais aussi parce qu'il y a un contexte politique qui a évolué, a pris de très bonnes décisions". En outre, "le CICE, les baisses de cotisation, ça, ce n'est pas l'Europe, ce ne sont pas des émirs de je ne sais où qui ont décidé, c'est nous".

L'Europe moins exigeante que nous-mêmes

A propos de l'Europe d'ailleurs, le ministre a tenu à relativiser à la fois sa toute-puissance et ses exigences. "La France fait ce qu'elle a décidé elle-même. La France a décidé de faire 50 milliards d'économies en trois ans, d'ici 2017. Cette année, nous faisons 21 milliards d'économies. Toutes les décisions complémentaires que nous avons prises visent à atteindre ce montant. L'année prochaine, nous nous sommes engagés par rapport à nous-mêmes à faire aux alentours de 14 milliards d'économies. Nous nous sommes fixés 3,8% d'objectif de déficit fin 2015, c'est mieux que ce que nous demande l'Europe. Ce qui prouve qu'elle peut être parfois encore moins exigeante que nous le sommes nous-mêmes par rapport à nous-mêmes". 

Pour parvenir à continuer de financer les priorités que s'est fixé le gouvernement "l'éducation, la défense, la baisse des déficits et des impôts", il faut donc "procéder à des économies". Le gouvernement n'aura "pas besoin de correctif budgétaire d'ici septembre", assure le ministre.

Pas question de rendre les APL dégressifs

Quant aux rumeurs qui circulent sur un éventuel rabotage des aides aux logement, elles ne semblent pas totalement infondées. "Les aides au logement coûtent 41 milliards d'euros aux Français", soit "plus que le budget de l'éducation nationale, plus que le budget de la défense", pointe-t-il. Dans ces dépenses "la très grande majorité est indispensable, utile socialement et économiquement. Mais mon rôle est de demander si, sur ces 41 milliards, ils n'y a pas quelques centaines de millions d'économies possibles".

En revanche, et contrairement aux informations qui circulent à ce sujet, pas question pour le gouvernement de réformer les APL "essentiels pour tellement d'étudiants". Toutefois, "il y a des situations où des gens bénéficient de l'APL parce que leur revenu fiscal nominal est faible, alors que leur capacité contributive est plus élevée. Parce qu'on peut avoir de l'argent de côté". La question n'est donc pas de rendre les APL dégressives, promet Michel Sapin, mais "d'analyser certaines situations ou des gens touchent les APL alors qu'ils ont de l'argent en banque". 

N.G.