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La France perd à nouveau son fameux triple A

L'agence Moody's a dégradé la note française de "Aaa" à "Aa1"

L'agence Moody's a dégradé la note française de "Aaa" à "Aa1" - -

Lundi, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de la France de « Aaa » à « Aa1 » avec une perspective négative. Moody’s rejoint donc le jugement d’une autre agence de notation, Standard & Poor’s qui a déjà dégradé la note de crédit de l’hexagone en début d’année.

Après Standard and Poor's en début d'année, c'est Moody's qui a dégradé lundi soir d'un cran la note souveraine de la France. Elle passe du « Aaa », la meilleure note possible chez Moody’s, à « Aa1 » assortie d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle pourrait à nouveau l'abaisser à moyen terme. Et les deux agences semblent ne pas se tromper dans leurs perspectives : la France a récemment quitté le top 20 des pays les plus compétitifs tombant à la 21e place, alors qu'elle était 15e en 2010.

Une perte de compétitivité continue

Pour justifier sa décision, l'agence avance des « perspectives économiques de long terme affectées de manière négative par de multiples défis structurels », dont « une perte de compétitivité graduelle mais continue » et « des rigidités des marchés du travail, des biens et des services ». Elle cite aussi des « perspectives budgétaires incertaines en raison de la dégradation des perspectives économiques ». Enfin, la capacité de la France à résister à d'éventuels nouveaux chocs futurs de la zone euro « diminue », et ce d'autant que son exposition aux pays fragiles de l'Union monétaire, via les liens commerciaux ou bancaires, « est beaucoup trop importante ».
Moody's a donc considéré que les réformes annoncées récemment étaient insuffisantes pour restaurer rapidement la compétitivité de la France, en dépit du plan d'allègements de charges de 20 milliards d'euros, présenté le 6 novembre dernier par Jean-Marc Ayrault. Moody’s a également jugé que la politique gouvernementale et la phase de discussions entre patronat et syndicats sur l’assouplissement du marché du travail n'étaient pas assez efficaces.
Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie et des Finances, a dit prendre acte de la décision de Moody's, tout en déclarant que la dette française demeurait parmi les plus liquides et les plus sûres de la zone euro.

« Une dégradation attendue »

Du reste, cette nouvelle dégradation de la note française ne surprend pas les économistes : « Cette dégradation n’est en soi pas très grave dans la mesure où elle était attendue, confirme Jean-Marc Daniel, économiste à l’ESCP Europe. Elle avait déjà été plus ou moins annoncée par Moody’s il y a plusieurs mois. Ce qui est important dans ce que dit Moody’s, c’est le fait qu’il y a deux faiblesses de l’économie française qui ne sont toujours pas corrigées ou en voie de correction. Il s’agit du niveau des dépenses publiques sur lesquelles les engagements du gouvernement restent pour l’instant au stade de l’intention. Et puis il y a le problème de la flexibilité du marché du travail et une certaine rigidité sur ce marché ».

La Rédaction avec C.Bordet