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Economie et Social

La grève des poubelles s’intensifie avant l'Euro

"Le blocage des centres de traitement des déchets d’Île-de-France n’était que le commencement d’un mouvement qui prend de l’ampleur. Déjà, la moitié des arrondissements parisiens sont touchés et il s’étend dans plusieurs villes de France où les poubelles s'amoncellent sur les trottoirs."

"Depuis plusieurs jours, en raison d'un mouvement social national, la collecte des déchets est perturbée sur le territoire parisien, notamment sur les 2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e, 17e et 20e arrondissements". Cette information de la Mairie de Paris confirme enfin un nouveau terrain conflictuel à quelques jours de l’Euro 2016. Dans ces arrondissements, le ramassage des ordures ménagères est effectué par les services de la ville. Les dix autres arrondissements, gérés par des entreprises privées, sont pour le moment épargnés.

Le mouvement qui avait commencé pendant les inondations et en pleine grève des transports n’avait pas eu jusque là beaucoup d’écho. Il se limitait aux sites de traitement gérés par la Sictom. Désormais, les salariés municipaux durcissent le ton à l’appel de la CGT. Dans un communiqué, le syndicat détaille l’opération: "Quatre des six garages de camions-bennes de la Ville de Paris, Ivry-Bruneseau, Ivry-Victor Hugo, Romainville et Saint-Ouen, sont bloqués par des chauffeurs grévistes ce mercredi". Ces sites sont gérés par la TIRU, une filiale d’EDF spécialisée dans la valorisation énergétique des déchets.

À Colombes, les élus ramassent les poubelles

Dans son communiqué, la CGT explique que c’est l’intervention des forces de l’ordre pour débloquer les garages d'Ivry qui a mis le feu aux poudres. Ainsi, "les chauffeurs sont en grève à près de 100% sur ces deux sites."

À Colombes, dans les Hauts de Seine, les élus ont décidé de faire les choses autrement. Comme l’explique Le Parisien, la mairie a fait appel à un prestataire extérieur (la Sepur au lieu de Sita-Suez Environnement), à la police et même aux élus. Dans les camions à ordures, des membres du conseil municipal ont pris place près des chauffeurs avec leur écharpe tricolore pour passer les barrages. Face à cette scène qualifiée d’irréelle par le quotidien, les grévistes ont cédé sur les encombrants, mais restent fermes sur les ordures ménagères.

À Saint-Etienne, la fan zone est menacée

Ces actions ne se limitent plus à l’Île-de-France. Comme l’indique la CGT, de nouveaux centres régionaux de traitement sont bloqués. L’incinérateur de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) qui traite les ordures de l'agglomération marseillaise ne fonctionne plus depuis ce mercredi. En Ariège, les deux principaux centres de traitement de SMECTOM, qui assurent 80% de la collecte et du traitement des déchets dans le département, sont bloqués depuis quatre jours.

La ville de Saint-Etienne est également touchée depuis plus d’une semaine. Les syndicats CGT des territoriaux paralysent la collecte et le traitement des déchets. La situation inquiète tellement que Gaël Perdriau, maire LR, a décidé d’assigner la CGT des territoriaux de Saint-Étienne devant le tribunal administratif de Lyon pour entrave à la liberté du travail. La ville de Saint-Etienne affirme que si le blocage se poursuit, elle pourrait être contrainte de ne pas ouvrir la fan zone sur laquelle les ordures risquent de s’amonceler de jour en jour.

Dans un communiqué, Gaël Perdriau explique que "l'ouverture des espaces d'accueil de l'Euro est fortement menacée, ce qui m'oblige à informer le ministre de l'Intérieur de l'obligation désormais manifeste de ne pas les ouvrir". Le premier match de l'Euro 2016, Portugal-Islande, se tiendra mardi prochain au stade Geoffroy-Guichard. Le maire a demandé au préfet de la Loire, Evence Richard, "la réquisition des équipes et véhicules de collecte des ordures ménagères pour permettre une reprise d'activité de ce service le plus rapidement possible".

Le mouvement va-t-il s’arrêter là? C'est loin d'être sûr. Sur son site internet, la CGT Services publics appelle "à engager partout sur le territoire des actions visant à paralyser la collecte et le traitement des déchets".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco