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La pénurie de beurre "ne va pas durer", promet le gouvernement

Stéphane Travert, le ministre de l'Agriculture, a estimé ce mardi sur Sud Radio que la pénurie de beurre, liée à une baisse de collecte du lait cet été, n'allait pas durer. "La production va remonter", affirme-t-il. Même son de cloche du côté de la Fédération nationale des coopératives laitières.

Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, a affirmé mardi que la pénurie de beurre, qui commence à se faire sentir en France, "ne va pas durer" car la production de lait "va remonter".

"Notre marché national se trouve en déficit de fourniture de beurre", a reconnu le ministre sur Sud Radio. Cette situation découle d'"une baisse de la collecte de lait, sur la période d'été, conjuguée à une demande très forte de pays étrangers ce qui a fait monter les prix", a-t-il expliqué.

Mais "cette pénurie ne va pas durer puisque de toute façon nous avons une production laitière très importante dans notre pays" et que "cette production va remonter puisque nous arrivons dans la période automnale et hivernale".

Saisir le médiateur? "Il va falloir le faire"

"Nous allons revenir sur une collecte beaucoup plus importante et donc je pense que les choses vont revenir progressivement dans l'ordre", a-t-il déclaré, assurant qu'"il y aura de toute façon assez de matière première pour que les uns et les autres puissent faire leur travail".

Le ministre de l'Agriculture envisage cependant de "saisir le médiateur des relations commerciales agricoles" au sujet des prix du beurre. Les cours mondiaux ont flambé sous l'effet de la pénurie, passant de 2500 euros la tonne au printemps 2016 à 7000 euros cet été. "Le médiateur pourrait être utilement saisi pour trouver les moyens de remettre autour de la table les distributeurs et les transformateurs pour trouver un accord", a-t-il estimé. "Il va falloir le faire", mais "il n'y a pas d'ultimatum aujourd'hui", a-t-il toutefois ajouté.

"Dès lors qu'il n'y a plus abondance, on dit qu'il y a pénurie"

La France "va rester en situation de tension encore quelques mois sur le beurre, jusqu'à ce que la production remonte" a déclaré mercredi Dominique Chargé, président de la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL). À court terme, la situation de quasi-pénurie de beurre dans certains endroits restera "difficile" "pour toute la période d'automne et de début d'hiver", a déclaré Dominique Chargé lors d'une conférence de presse à Paris. Ensuite, les conditions climatiques pour les récoltes d'herbe en fin d'été et début d'automne ayant été meilleures qu'au printemps, les éleveurs producteurs laitiers devraient "normalement" avoir de meilleures réserves fourragères "pour nourrir leurs vaches et produire cet hiver", a estimé le responsable.

Sans aller jusqu'à dire que la "pénurie" pourrait être plus organisée que réelle, le président de la FNCL met en cause le système de fixation annuel trop rigide des prix entre les producteurs et la distribution. "Dès lors qu'il n'y a plus abondance, on dit qu'il y a pénurie", a dit Dominique Chargé. "Aujourd'hui, un industriel transformateur en France a clairement plus intérêt à faire du fromage avec les matières grasses du lait ou à se tourner vers d'autres circuits que la distribution pour vendre son beurre, car il ne peut pas répercuter les hausses de tarif du marché mondial auprès des distributeurs", a-t-il ajouté.

Interrogé sur la proposition du ministre Stéphane Travert de nommer un médiateur sur le sujet, Dominique Chargé a souligné qu'un médiateur n'était "pas un arbitre": "Il pourra peut-être constater les problèmes et amener les acteurs à mieux travailler ensemble" a-t-il espéré. "Il s'agit d'un problème de fonctionnement des relations commerciales entre industrie/Producteurs et commerce" a-t-il dit. "La crise du beurre est l'illustration du dysfonctionnement de toute la filière" a-t-il ajouté.

N.G. avec AFP