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Finances publiques

La Poste épinglée pour la gestion de son parc immobilier

Pour la Cour des comptes, la masse salariale du pôle immobilier a augmenté de près de 18 % entre 2009 et 2014, passant de 80 millions d'euros à 94,2 millions d'euros alors même que les effectifs se stabilisaient.

Pour la Cour des comptes, la masse salariale du pôle immobilier a augmenté de près de 18 % entre 2009 et 2014, passant de 80 millions d'euros à 94,2 millions d'euros alors même que les effectifs se stabilisaient. - André Tudela – Le Groupe La Poste

La Cour des comptes s'étonne de la hausse continue de la masse salariale de la filiale Poste Immo, chargée de réduire la facture immobilière de l'entreprise publique. A commencer par la rémunération de son directeur général.

La Cour des comptes émet des critiques assez sévères sur la filiale La Poste Immo qui gère 12.058 immeubles, soit 6,9 millions de mètres carrés de surface utile nette (SUN), dont 60% sont sa propriété. Il lui est particulièrement reproché une hausse continue de la masse salariale du pôle immobilier, en décalage avec l'évolution des effectifs.

Cette augmentation de la masse salariale a pour contexte une gestion des ressources humaines du pôle immobilier, rendue complexe par la multiplicité des statuts des salariés y travaillant. On y trouve aussi bien des contractuels de Poste Immo, des fonctionnaires détachés du groupe La Poste ayant signé un contrat de travail avec Poste Immo ainsi que des fonctionnaires et contractuels du groupe La Poste.

"Si l’on fait donc abstraction de l’année 2008, il apparaît que les rémunérations versées ont progressé de 13,3 % (49,8 millions d'euros à 56,4 millions d'euros) entre 2009 et 2014 alors que les effectifs moyens diminuaient de 6,9 % (1 131 agents à 1 053). La rémunération par agent n’a cessé d’augmenter, même si sa croissance a ralenti à partir de 2012" relèvent les magistrats de la Cour des comptes.

Plus gênant est le fait que "l’augmentation de la masse salariale apparaît déconnectée des performances financières du pôle immobilier, qui ont été faibles entre 2009 et 2014, et de celles du Groupe La Poste" explique le rapport.

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- © Cour des comptes.

Le document épingle particulièrement les plus hautes rémunérations "qui ont, de leur côté, connu une très forte croissance entre 2008 et 2014 (+ 46 %), qui n’est pas justifiée par les résultats du pôle immobilier et ne s’explique pas seulement par le recrutement de personnels plus qualifiés venus du secteur privé".

L'évolution à la hausse du salaire annuel du directeur général de Poste Immo, qui a perçu 380.540 euros en 2014, est particulièrement pointée du doigt. Le progression de la rémunération du directeur général de Poste Immo (+ 33 %), fonctionnaire en position hors cadres, "ne saurait quant à elle se justifier par un effet de rattrapage par rapport aux rémunérations de ses homologues du secteur privé".

Pour la Cour des comptes "les risques personnels et d’entreprise auxquels doit faire face le directeur général, par ailleurs fonctionnaire pouvant être réintégré dans son administration d’origine, ne sont pas de même nature que ceux auxquels est confronté un dirigeant du secteur privé”.

Dans sa réponse, datée de janvier 2016, la direction de La Poste Immo, écrit notamment à propos de l'augmentation générale de sa masse salariale: "Cette évolution traduit une modification structurelle de l'emploi au sein du pôle Immobilier qui a vu disparaître les emplois peu qualifiés (ex : pilote de travaux, dessinateurs, ... niveau classe II à la DOI) pour être remplacés par des emplois de cadre h niveau d'expertise plus élevé (Inspecteurs de parc, gestionnaires d'actif, chargés d'affaire Agence, ...)".

Frédéric Bergé