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"La Sécurité sociale n'est pas qu'un trou à boucher"

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a estimé ce mardi que la Sécu n'était pas "qu'un trou à boucher".

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a estimé ce mardi que la Sécu n'était pas "qu'un trou à boucher". - Kenzo Tribouillard - AFP

A l'occasion des 70 ans de la Sécurité sociale, le gouvernement a défendu le modèle de solidarité. Le "meilleur rempart contre la dislocation" selon la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

La sécurité sociale n'est pas qu'"un trou à boucher" mais de la solidarité et une protection pour tous. A l'occasion des 70 ans de la Sécu, c'est dans ces termes que le gouvernement a défendu ce mardi la structure, tout en "affrontant" le problème de son financement

"A l'heure où des sirènes extrémistes retentissent à nouveau, sachons y opposer la fermeté des principes et des valeurs nés des décombres de la guerre", a lancé la ministre de la Santé, Marisol Touraine, lors de la présentation des festivités prévues pour célébrer les ordonnances du 4 et 19 octobre qui ont instauré la Sécu.

"Alors que certains remettent aujourd'hui en cause cette idée fondatrice en prônant l'affiliation facultative ou en parlant d'assistanat", la solidarité est "un principe fondateur" qui "n'est pas négociable" et constitue "le meilleur rempart à la dislocation", a martelé Marisol Touraine. C'est un "gage de l'unité collective dans l'épreuve" qui justifie que l'"affiliation est obligatoire pour que les plus fragiles ne se retrouvent exposés à la pauvreté".

10 milliards d'économies d'ici 2017

La Sécu, qui assure la couverture des maladies, retraites, accidents du travail, mais aussi les prestations familiales, n'est pas qu'"un trou à boucher", c'est la garantie d'une protection quelle que soit sa situation familiale ou professionnelle, a insisté la ministre. Renoncer à ses fondements "n'aurait aucun sens au prétexte que certains avant nous n'ont pas réussi à ramener l'équilibre à la sécurité sociale".

Le déficit n'est d'ailleurs "pas une fatalité", a-t-elle assuré: ramené à moins de 10 milliards d'euros en 2014, il sera résorbé pour 2017-2018. Mais cela ne se fera pas sans souffrance puisque près de la moitié des 50 milliards d'euros d'économies annoncés par l'exécutif d'ici à 2017 sera réalisée par la Sécu, dont 10 milliards rien que pour la branche maladie. 

Multitude de régimes (salariés, agriculteurs, fonctionnaires, mineurs, etc), nombreux acronymes et mécanismes de financement, le gouvernement veut lancer plusieurs chantiers de simplification pour rendre plus lisible un système dans lequel même le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, a avoué mardi avoir "souvent beaucoup de difficultés à (s)'y retrouver".

Une simplification des remboursements

Le premier vise à "une simplification radicale de la couverture de soins". Une réflexion a été lancée par la ministre de la Santé pour "un régime maladie universel" car "tout le monde dans notre pays a droit à une couverture", mais "il est parfois compliqué de faire valoir ses droits", à la suite de déménagement, d'entrée dans la vie active, d'une période de chômage, etc....

Pas question de remettre "en cause la pluralité des organismes gestionnaires", s'est défendue la ministre. L'idée est qu'"une caisse reste l'interlocuteur" de l'assuré "tout au long de sa vie", "quel que soit son lieu de résidence" et "par-delà les changements qu'il peut être amené à rencontrer".

Sans évoquer ouvertement la fusion ou la disparition de régimes, la ministre a toutefois pris l'exemple de la sécurité étudiante, objet de discussions avec l'Assurance maladie et qui va sans doute être adossée au régime général des salariés du privé. 

"Beaucoup de questions se posent"

L'autre chantier concerne le financement de la Sécu, véritable serpent de mer. Le système, qui était à l'origine quasi totalement financé par les salaires (cotisations sociales), pioche de plus en plus du côté de l'impôt, en particulier par la Contribution sociale généralisée (CSG) créée en 1991, alors que le chômage atteint un niveau record.

"Exonération de cotisations et compensation", "place des mutuelles", "financement par l'impôt": "beaucoup de questions se posent". Le débat "n'est pas forcément très simple" mais "nous devons le faire avec des principes réaffirmés et assumés", a expliqué Christian Eckert.

"Nous pouvons bâtir un système de financement respectueux de ces principes politiques, respectueux du droit", notamment européen "sur la nature de la CSG" - qui fait débat jusqu'à la Cour de justice européenne. Le gouvernement compte notamment sur les travaux du haut conseil du financement de la protection sociale attendus pour début juin.

N.G. avec AFP