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Lagarde : « Les 360 milliards ne coûteront rien au contribuable »

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L'Etat va injecter 360 milliards d'euros dans les banques françaises. D'où viendra l'argent ? Et quelles banques en profiteront ? Christine Lagarde, la ministre de l'Economie explique ce plan de sauvetage.

Christine Lagarde était ce matin l'invitée de Guillaume Cahour et Eric Izraelivitch, directeur de la rédaction de la Tribune. La ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi est revenu sur le plan de sauvetage des banques françaises, présenté aujourd'hui aux parlementaires.

Guillaume Cahour : 360 milliards d'euros, c'est un peu plus du tiers de la dette de la France, c'est 275 millions de SMIC mensuels, c'est 12 000 rames de TGV... et finalement, ce sera combien pour le contribuable ?
Christine Lagarde : « Aujourd'hui, rien. Vous avez raison, c'est un chiffre astronomique. Pour vous donner un ordre de grandeur, le financement de l'économie française c'est à peu près 500 milliards d'euros chaque année. Je dis « rien », parce que c'est en réalité le montant de la garantie de l'état pour 320 milliards, qui seront destinés à prêter de l'argent aux banques. Que s'est-il passé ? Les banques ne se faisaient plus confiance, et donc ne se prêtaient plus entre elles. Or, pour faire fonctionner l'économie, pour que le moteur tourne, il faut que les banques se prêtent entre elles. Donc, on met en place une espèce d'énorme caisse de prêts pour qu'elles le fassent à nouveau. »

Eric Izraelivitch : L'Etat va donc emprunter et cela va donc finir par coûter au contribuable, qui devra en bout de course payer les intérêts de la dette ?
Christine Lagarde : « Non, parce que ça coûte quand on emprunte, mais ça rapporte quand on prête. Le taux auquel on va prêter sera plus élevé que celui auquel on va emprunter. La marge qui s'en dégagera va donc rapporter à l'Etat.
Etant garants des intérêts du contribuable, on va demander aux banques, en plus d'un intérêt sur leur emprunt, de nous apporter des gages, des suretés, des titres, que l'on n'encaissera pas, sauf si les banques sont défaillantes.
On a construit le mécanisme pour que non seulement ça ne coûte pas, mais que ça rapporte à l'Etat.

Ces 320 milliards pourront profiter aux banques à 3 conditions :
- qu'elles soient en bon état, en bonne santé, qu'elles aient suffisamment de fonds propres, qu'elles soient conformes à toutes leurs obligations ;
- qu'elles payent les intérêts ;
- qu'elles apportent des gages ;
- qu'elles s'engagent à des contreparties, c'est-à-dire à des principes étiques, notamment concernant les rémunérations, les bonus, les parachutes dorés...

Les 40 milliards profiteront aux banques en mauvaise santé, qui viendront à un autre guichet, pour demander à l'Etat de prendre des participations, c'est-à-dire de rentrer au capital de la banque. »

La rédaction-Bourdin & Co