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Le bilan d'Emmanuel Macron, un ministre sur la sellette

Emmanuel Macron est ministre de l'Économie depuis août 2014.

Emmanuel Macron est ministre de l'Économie depuis août 2014. - Loic Venance - AFP

S'il laisse encore planer le doute sur ses intentions pour la présidentielle de 2017, le ministre de l'Économie se pose en quasi-candidat. Une posture qui risque de lui coûter sa place à Bercy.

Le 26 août 2014, Emmanuel Macron remplaçait Arnaud Montebourg dans le fauteuil de ministre de l'Économie. Deux ans plus tard, la question de son maintien au gouvernement est sur toutes les lèvres. François Hollande, lors de l'entretient du 14 juillet, a été clair: "quand on ne respecte pas les règles, on ne reste pas au gouvernement. Dans un gouvernement, il n'y a pas de démarche personnelle et encore moins présidentielle".

Car le plus jeune ministre à ce poste depuis Valéry Giscard d'Estaing a le don d'agacer. Si les ministres n'hésitent pas à le qualifier de "taré du troisième étage" (Michel Sapin) ou d'"exaspérant" (Marisol Touraine), c'est surtout le Premier ministre qu'Emmanuel Macron irrite. "Il est temps que tout ça s'arrête" a déclaré Manuel Valls quelques heures avant le meeting de son ministre mardi soir. Le locataire de Matignon lui demande même de "s'occuper davantage de ses dossiers". Et qu'en est-il justement de ces "dossiers"?

Un an après son arrivée au gouvernement, Emmanuel Macron a fait passer une loi d'envergure, sensée "moderniser l'économie". Sa loi croissance a nécessité 412 heures de débats, 8.000 amendements déposés dont 2.300 validés, mais a surtout eu besoin d'un coup de pouce, celui de 49.3.

Une loi "fourre-tout"?

Et parmi les 308 articles, seuls quatre changements sont notables. Tout d'abord, l'ouverture du transport en autocars. Plus de 3 millions de passagers ont déjà été transportés et 1.500 emplois créés. Un véritable succès commercial mais la guerre des prix creuse les pertes pour les opérateurs. Le marché n'est pas encore rentable obligeant à une concentration du secteur.

Ensuite, la libre installation des notaires. Malgré la pression de la profession, Bercy n'a pas reculé. L'autorité de la Concurrence a publié la carte des lieux où les notaires peuvent s'installer librement, comme Paris, Bordeaux ou Lyon. Dans un avis du 9 juin, l'Autorité a préconisé l'installation libérale de 1.650 notaires titulaires ou associés de nouveaux offices d'ici 2018, soit une hausse de 20%, pour ouvrir une profession très verrouillée.

La réforme du permis de conduire. L'épreuve théorique, le Code, peut maintenant être confiée à des opérateurs extérieurs. Ainsi, les inspecteurs du permis de conduire peuvent passer plus de temps sur l'examen pratique et les délais d'attente se réduisent.

Et enfin, l'ouverture des commerces le dimanche. La loi Macron a créé des zones touristiques internationales où plusieurs enseignes peuvent ouvrir le dimanche. Si cette mesure est une réussite dans certains lieux, comme au BHV, le blocage est toujours présent dans d'autres. Ainsi, à la Fnac, FO, Sud et la CGT maintiennent leur veto.

Une réforme des prud’hommes est également inscrite dans le texte. Visant à réduire les délais des procédures et les simplifier, elle renforce notamment le rôle des inspecteurs du travail et créé un statut de défenseur syndical. Une mesure polémique, qui fixait un plafond d’indemnités en cas de licenciement, a finalement été retoquée par le Conseil constitutionnel.

Souvent qualifiée de "fourre-tout", la loi Macron comprend également plusieurs mesures mineures, parmi lesquelles un assouplissement des conditions de changement de banque pour les particuliers, l’instauration d’une carte professionnelle dans le bâtiment ou la possibilité, sous certaines conditions, de pouvoir effectuer des prêts entre entreprises.

Dans les pas d'Arnaud Montebourg

Coté industrie, Emmanuel Macron a marché dans les traces de son prédécesseur. Arnaud Montebourg, en 2013, avec lancé les 34 plans pour une nouvelle France industrielle, le jeune ministre en a tiré 10 mesures: nouvelles ressources, ville durable, mobilité écologique, transports de demain, médecine du futur, économie de données, objets intelligents, confiance numérique, alimentation intelligente, et industrie du futur. D'après le ministre, en trois ans, 1.000 projets ont été soutenus et 1,9 milliard d’euros débloqués.

Le ministre, très intéressé par la French Tech, a notamment créé Creative industry pour promouvoir l'excellence industrielle française.

Par ailleurs, Emmanuel Macron est notamment un grand défenseur du nucléaire. "Arrêter le nucléaire n’est pas un choix d’avenir. Ce n’est pas conforme à nos objectifs en matière de réduction des émissions de CO2". Il soutient donc le projet Hinkley Point d'EDF qui est toujours en discussion aujourd'hui.

Et enfin, Emmanuel Macron a permis l'instauration du droit de vote double. Après un bras de fer avec Carlos Ghosn, PDG de Renault, le ministre a été ferme sur la position de l'État.

Diane Lacaze