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Finances publiques

Le déficit de la Sécurité sociale replonge en 2019

Le gouvernement promettait un retour à l'équilibre en 2019.

Le gouvernement promettait un retour à l'équilibre en 2019. - AFP

Alors que le gouvernement promettait un retour à l'équilibre, le « trou de la Sécu », plombé par les mesures « gilets jaunes » et le ralentissement économique, devrait se creuser à nouveau cette année.

Les concessions aux « gilets jaunes » coûteront cher à la Sécurité sociale. En septembre dernier, le gouvernement annonçait fièrement un déficit revenu à son plus bas niveau en deux décennies et prévoyait le retour à l'équilibre pour 2019. La promesse aura été de courte durée : durement éprouvé par le ralentissement économique et les mesures sociales venues répondre au mouvement des « gilets jaunes », le « trou de la Sécu » replongerait en 2019, entre 1,7 et 4,4 milliards d'euros, estime la Commission des comptes (CCSS).

Cette rechute « résulte pour l'essentiel d'une croissance de la masse salariale [...] nettement inférieure à la prévision initiale » du gouvernement, assure la CCSS. Alors qu’il tablait sur 3,5% à l’automne, Bercy vise désormais une progression de 3,1%, selon le programme de stabilité transmis à Bruxelles en avril dernier. Par ailleurs, à cause de la « prime Macron » votée en décembre, la Sécurité sociale devra se contenter de 2,9%. Soit, au bout du compte, des « recettes plus faibles qu'attendu » de l'ordre de 1,7 milliard d'euros, l'équivalent du montant du déficit prévu, dans le meilleur des cas.

L’addition pourrait par ailleurs se corser si l’Etat ne compense pas à la Sécurité sociale les autres « mesures d'urgence » adoptées en fin d'année, au plus fort de la crise des « gilets jaunes ». L'exonération de cotisations sur les heures supplémentaires dès le 1er janvier, et la baisse du taux CSG pour une partie des retraités, coûteront en effet « respectivement 1,2 et 1,5 milliard d'euros », souligne la Commission des comptes. Le creusement du déficit « atteindrait alors 4,4 milliards », et « la trajectoire de retour à l'équilibre de la sécurité sociale pourrait être remise en cause », ajoute-t-elle.

Des mesures à financer

D’autant qu’avec une croissance économique revue de 1,7% à 1,4% cette année, le scénario d'une Sécu en excédent en 2020 « risquerait également d'être compromis », poursuit la CCSS. Annoncés en avril, les nouveaux gestes en faveur des retraités – la réindexation d'une majorité de pensions sur l'inflation et augmentation du « minimum contributif » à 1.000 euros pour une carrière complète – devront également être financés. Le coût total de ces deux mesures est estimé à 1,5 milliard d’euros et « détériorera d'autant le solde de la sécurité sociale », prévient-t-on.

Le Haut conseil du financement de la protection sociale avait mis en garde dès le mois de mars que la sortie des déficits était « remise en question » et évaluait alors les pertes pour 2019 à 3,6 milliards d'euros. Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, avait déjà reconnu en janvier que le « retour à l'équilibre en 2019 est compromis ». « Nous allons travailler tous ensemble pour améliorer ce déficit de façon à reprendre la trajectoire initialement prévue », a-t-elle seulement indiqué le mois dernier devant le Sénat, en renvoyant le sujet au budget 2020, qui sera présenté fin septembre.

En outre, un autre engagement de l’exécutif est menacé par cette détérioration durable : la reprise et le remboursement d'un reliquat de 15 milliards de dette sociale, impossible avec des comptes dans le rouge, ce qui exposerait la Sécu au risque d'une remontée des taux d'intérêt.

La rédaction