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Le déficit public, grand oublié de la campagne présidentielle

Manuel Valls, Arnaud Montebourg, et Benoît Hamon sont candidats à la primaire de la gauche.

Manuel Valls, Arnaud Montebourg, et Benoît Hamon sont candidats à la primaire de la gauche. - Gérard Julien - AFP

À gauche comme à droite, les candidats à l’Élysée ont dans leur majorité opté pour une relance par de nouvelles dépenses. Au détriment de la réduction du déficit public, pourtant voulue par Bruxelles.

"Il va falloir casser un peu de vaisselle à Bruxelles". L’avertissement est signé Arnaud Montebourg qui, en cas d’élection à la présidence de la République, n’entend pas laisser la Commission européenne lui dicter sa ligne de conduite. Et plus particulièrement en ce qui concerne la réduction du déficit public, longtemps sujette à tensions entre Paris et l’UE. Car en se fixant l’objectif de 2,5% en 2022, mais surtout en promettant une relance par l’investissement – et donc par de nouvelles dépenses, l’ancien ministre de l’Économie a implicitement laissé présager d’un dérapage lors de ses premières années de mandat.

Un choix presque banal, à l’heure où l’immense majorité des candidats à la présidentielle semblent avoir fait une croix sur le retour à l’équilibre des comptes publics. En témoignent les déclarations de Manuel Valls, qui a récemment jugé "inopportun" de "réduire le déficit à marche forcée". Et abandonné au passage l’idée d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2022.

Benoît Hamon, de son côté, refuse purement et simplement l’objectif des 3%, pourtant fixé par Bruxelles, au nom d’"investissements importants pour financer la transition énergétique et la transition de notre modèle de développement". Mais l’ancien ministre de l’Éducation pourrait toutefois avoir trouvé une solution alternative. Réduire le déficit, oui, mais en supprimant les investissements en matière de défense du mode de calcul.

Les 3% attendront

Parmi les favoris à la primaire de gauche, seul Vincent Peillon, dans la lignée d’un François Hollande très attentif à la question, semble vouloir se rapprocher de l’équilibre. L’ancien ministre a ainsi promis, au micro de BFMTV, d’adopter "une stratégie de finances publiques qui respectera, à horizon 2022, 1,5 point de déficit". Sans pour autant préciser ses prévisions pour les premières années de son hypothétique mandat.

Un programme que Bruxelles devrait voir d’un bon œil, tant le panel de candidats à la présidentielle semble uni sur un point: l'objectif des 3% n'est pas, ou plus, une priorité. C’est ainsi le cas de François Fillon, dont les prévisions font état d’un déficit de 4,7% en 2017, 4,5% en 2018, avant d’accélérer sa réduction pour atteindre l’équilibre en 2022. Un changement plutôt radical pour celui qui, 10 ans auparavant, se désespérait de voir le budget français "en déficit chronique", allant même jusqu’à se dire "à la tête d’un État en faillite".

Macron reste flou sur la question

Quant à Emmanuel Macron, qui s’installe peu à peu parmi les favoris de l’élection, il s’est contenté d’affirmer qu’il n’était pas "pertinent de viser l'équilibre des comptes publics dans le contexte".

Une vision qu’il partage – et c’est sans doute l’une des seules – avec Jean-Luc Mélenchon. Le leader du Parti de gauche compte en effet s’affranchir des traités européens - ceux-là même qui imposent aux membres de l’UE un déficit inférieur à 3% de leur PIB.

Marine Le Pen, enfin, n’a encore dévoilé aucun objectif chiffré de réduction du déficit public. Mais a tout même affirmé son intention de réduire la dépense publique d’environ 60 milliards d’euros.

Yann Duvert