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Finances publiques

Allocations familiales: 500.000 familles font la grimace aujourd'hui

Les familles dont les revenus excèdent 5.600 euros mensuels vont voir leurs allocations baisser.

Les familles dont les revenus excèdent 5.600 euros mensuels vont voir leurs allocations baisser. - Mrhayata - Flickr - CC

La réforme des prestations familiales entre en vigueur ce mercredi. Concrètement, elles vont être davantage corrélées aux revenus des ménages, donc baisser pour un certain nombre d'entre eux.

A partir de ce mercredi, certaines familles vont toucher des allocations familiales diminuées. La réforme prend effet ce 5 août, avec le versement des toutes premières allocations modulées en fonction des revenus. Jusqu'à maintenant, c'est le principe d'universalité qui s'appliquait. Autrement dit, toutes les familles touchaient les mêmes montants, à savoir 129 euros pour deux enfants chaque mois, 295 euros pour trois enfants, 461 euros avec quatre enfants puis 166 euros de plus par enfant supplémentaire. Ce ne sera plus le cas désormais.

Le système était simple, il va devenir très compliqué. En somme, les prestations vont être divisées par deux à partir de 5.600 euros de revenus net par mois pour la famille, et par quatre au-delà de 7.500 euros. Ce plafond augmente de 500 euros à chaque enfant supplémentaire. Rien ne change pour les familles qui gagnent moins de 5.600 euros par mois.

On pourrait penser que le niveau de revenu qui constitue les nouveaux paliers est relativement élevé. Malgré tout, le nombre de familles perdantes n'est pas négligeable: près de 500.000 familles sont concernées, soit 10% des 5 millions de familles allocataires. Les deux tiers des ménages perdants sont des familles avec deux enfants, et 23% sont des couples avec trois enfants, qui perdent en moyenne 127 de revenus par mois.

Le principe initial oublié

Il faut noter que le dispositif prévoit toutefois un système de lissage afin d'éviter qu'une famille qui dépasse un seuil de quelques euros ne se retrouve, finalement, allocations comprises, avec moins de pouvoir d'achat qu'une famille dont le revenu était très légèrement inférieur, et qui bénéficie d'allocations plus importantes.

Sur le plan financier, cela peut paraître une réforme juste. Mais il faut rappeler que la politique familiale dont font partie les allocations n'avait pas initialement pour but de corriger des inégalités entre des familles à revenu élevé et d'autres à revenus faibles. Elle était destinée à encourager la natalité, partant du principe qu'une famille à niveau de revenu identique qui a des enfants vit moins bien qu'une famille qui n'en a pas.

Cette réforme va permettre à la sécurité sociale d'économiser 400 millions d'euros en 2015, et le double en 2016. Pour la première fois, les prestations sociales vont reculer, une première après des années de hausse continue, de 2% en moyenne chaque année. Mais ce ne sera pas suffisant pour ramener à l'équilibre les comptes de la branche famille de la sécurité sociale. Rappelons que la cotisation est la base des rentrées d'argent de tout notre système social. Et quand le niveau de chômage est aussi élevé qu'aujourd'hui, le niveau des recettes pêche aussi, pas seulement les dépenses…

Emmanuel Lechypre, édité par N.G.