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Les avocats se réunissent en convention malgré leurs divisions

Les avocats sont divisés sur les réformes en cours

Les avocats sont divisés sur les réformes en cours - Stéphane de Sakutin AFP

La sixième convention nationale des avocats de tient à Montpellier cette semaine, organisé par le Conseil national des barreaux, qui s'oppose au Barreau de Paris sur plusieurs réformes en cours.

Aide juridictionnelle, ouverture des professions réglementées: les avocats tiennent, à partir de mardi à Montpellier, leur sixième convention nationale, une occasion de faire le point sur une profession divisée sur les projets de réformes du gouvernement.

"Notre convention qui se tient tous les trois ans est l'occasion pour les avocats de débattre de l'évolution de la profession, mais aussi d'aborder des questions chaudes comme la réforme des professions réglementées ou de l'aide juridictionnelle", explique Jean-Marie Burguburu, président du Conseil national des barreaux (CNB) qui organise l'événement.

Quelque 4.000 avocats sont attendus à Montpellier pour des forums et tables rondes sur le thème, par exemple, de l'"avocat acteur d'avenirs", avec des personnalités comme Robert Badinter, le défenseur des droits Jacques Toubon ou l'académicien Erik Orsenna. La garde des Sceaux Christiane Taubira interviendra jeudi. "Mme la ministre, écoutez-nous, discutez avec nous sans préalable, comprenez nos difficultés, notre volonté de participer à la croissance. Mais respectez aussi notre indépendance, nos valeurs fondamentales et même, nos divergences d'opinions. Tel sera mon message", explique le président du CNB.

Divisions internes

Car la profession est aujourd'hui loin de parler d'une seule voix sur les réformes en cours. Le Barreau de Paris, qui concentre 41% des avocats de France, s'oppose sur bien des questions au CNB qui représente la profession. "Nous dénonçons par exemple le projet d'ouverture du capital des cabinets, la création d'un statut d'avocat d'entreprise salarié ou la fin de la postulation territoriale, qui réserve aux avocats locaux la capacité de saisir les tribunaux de grande instance (TGI) en matière civile, alors que le barreau de Paris s'est dit favorable à ces réformes", détaille M. Burguburu.

"L'ouverture du capital, c'est le risque de voir des cabinets anglo-saxons plus puissants prendre le contrôle de cabinets français; l'avocat d'entreprise salarié pose un problème d'indépendance, de secret professionnel et de concurrence déloyale, et la fin de la postulation risque de créer des déserts judiciaires dans certaines régions", explique le patron du CNB.

Non à la surtaxe

En revanche, tous les avocats se retrouvent pour dénoncer la proposition du député PS Jean-Yves Le Bouillonnec d'instaurer une "contribution de solidarité obligatoire" prélevée sur les barreaux pour abonder le budget de l'aide juridictionnelle. "Ce n'est pas aux avocats de payer pour les avocats", tranche le patron du CNB qui prédit des mouvements de grève si le gouvernement persiste dans cette direction.

Les avocats sont également unanimes pour réclamer un renforcement de la loi sur le secret professionnel afin d'interdire notamment l'écoute de conversations entre un avocat et son bâtonnier, après l'affaire des "fadettes" du bâtonnier de Paris. Pour M. Burguburu, "la profession souffre aujourd'hui de la crise, même si certains cabinets marchent très bien". Dans ce contexte, "nous engageons les avocats isolés à se regrouper" car ce sont les solitaires qui "ont le plus vu leur situation se dégrader". "Je prêche aussi pour développer des activités en dehors du procès, à travers notamment les modes alternatifs de règlement des contentieux", dit-il.

Avocats nomades

Face à la crise, d'autres initiatives se multiplient. Des "cabinets nomades", d'avocats connectés sans véritable domicile professionnel et qui reçoivent leurs clients au palais ont fait leur apparition. De jeunes avocats ont récemment ouvert un cabinet en rez-de-chaussée en affichant leurs tarifs en vitrine pour rassurer les clients. "Tout ce qui peut rapprocher l'avocat de son client mérite d'être développé", approuve M. Burguburu. Il invite également les ordres et le CNB à proposer aux avocats des sites de conseils et d'aide à la saisine des juridictions pour répondre à la concurrence de structures comme "demanderjustice.com". Ce site internet propose déjà des aides en ligne pour lancer des procédures judiciaires.

J. H. avec AFP