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Les Ladurée-Paul au coeur de la bataille Fillon-Macron

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- - Twitter/ Aurelien Morissard/IP3

A l'origine du succès mondial des boulangeries Paul et des pâtisseries Ladurée, les Holder en sont toujours les copropriétaires. Mais sur le plan politique, ils différent. Françoise a pris fait et cause en 2016 pour Macron. Francis a annoncé ce week-end soutenir Fillon... au nom de ses 14.000 salariés.

Si d'ordinaire les patrons sont d'une prudence de sioux en matière d'affichage politique pour ne pas risquer de nuire à leur entreprise, dans la famille Holder, on n'hésite pas à afficher ses couleurs. Problème: les couleurs ne sont pas tout à fait les mêmes au sein du couple de Nordistes à l'origine du succès planétaire des boulangeries Paul et des pâtisseries Ladurée. Ainsi monsieur -Francis Holder, 76 ans- vient de dévoiler une vidéo dans laquelle il appelle à voter pour François Fillon. "Je me fais ici l'ambassadeur des 14.000 salariés de mon groupe, assure-t-il dans ce message mettant en avant la libération du travail, le développement de l'apprentissage et la simplification du code du travail.

Mais madame ne partage pas les mêmes convictions. Françoise Holder (73 ans), qui a créé avec lui le groupe alimentaire du même nom dans les années 60 fait elle partie du mouvement En Marche! d'Emmanuel Macron dont elle est déléguée nationale. Dans une interview à BFM Business, elle expliquait en novembre dernier le sens de sa démarche.

"Je soutiens Emmanuel Macron non pas pour moi mais pour mes enfants et mes petits-enfants. J’ai résisté à la tentation de l’exil fiscal, alors que la plupart de mes amis n’y ont pas résisté, et je souhaite que mes enfants et mes petits-enfants puissent vivre dans un pays plus doux. Et pour cela, je suis persuadée que la France a besoin d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques."

Des salariés remontés

Si Françoise partage les visions de Francis en ce qui concerne la simplification du marché du travail ("la France souffre d’une boulimie normative épouvantable. Il y a 600.000 normes dans notre pays"), elle s'oppose en revanche au programme de François Fillon sur la dégressivité des indemnités chômage. 

"Comment peut-on dire à des chômeurs qu’on va leur réduire leurs indemnités pour les inciter à accepter un travail? Mais la plupart d’entre eux en cherchent en n’en trouvent pas. Il y a peut-être quelques individus qui profitent du système mais c‘est une infime minorité. Réduire les indemnités dans la période actuelle est d’une inhumanité révoltante."

Mais Françoise Holder a, elle, toujours pris soin de préciser que lorsqu'elle parle politique, c'est en son nom. Pas question d'associer son engagement personnel à l'image de l'entreprise et encore moins aux milliers de salariés qu'elle emploie comme le fait Francis Holder. Sa prise de position passe d'ailleurs très mal auprès des salariés du groupe. Ce matin sur Europe 1, le délégué CFDT du groupe Paul a fait part de son étonnement. 

"On est un peu surpris qu’il parle à notre place. Chacun est encore libre en France d’avoir ses opinions libres. Vous savez, ici chez Paul, on a une grande majorité de personnes issues de l’étranger et je ne pense pas que M. Fillon fasse partie de leur cœur, tient à préciser Henri Fakih. C'est peut-être pour faire un peu de publicité mais je ne pense pas que ce soit une publicité qui nous fasse du bien."

Les appels au boycott sur Twitter

Effectivement, sur Twitter, le message du fondateur de Paul a par ailleurs été guère apprécié. Depuis ce matin, les appels au boycott se multiplient avec le hashtag #BoycottPaul

Preuve, s'il en faut, que pour un patron, s'engager en politique est un exercice périlleux.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco