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Finances publiques

"Les Français dépensent trop" prévient Jean-Claude Juncker

Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.

Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. - Emmanuel Dunand - AFP

Le président de la Commission européenne appelle Emmanuel Macron à réduire la dépense publique une fois au pouvoir, jugeant que son niveau actuel n'était pas tenable à terme.

"Nous sommes confrontés avec la France à un problème particulier, les Français dépensent trop d'argent et ils dépensent au mauvais endroit", a déclaré lundi 8 mai, depuis Berlin (Allemagne) Jean-Claude Juncker, au lendemain même de l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence française.

"Les Français consacrent entre 53% et 57% de leur Produit intérieur brut à leurs budgets publics, compte tenu du niveau relativement élevé de la dette, cela ne peut pas fonctionner dans la durée", a ajouté le président de la Commission européenne

Il estime que le futur chef de l'État français ne pourra pas compter à sens unique sur la mansuétude de ses partenaires européens sur ces questions. "Il appartient aussi aux Français de faire un geste en direction des autres" en faisant les réformes nécessaires, a-t-il souligné. 

Ces propos surviennent alors que la Commission doit publier en fin de semaine ses prévisions économiques de printemps pour les pays de l'Union européenne, suivies le 17 mai de recommandations. Or la France est sous pression pour respecter enfin les règles européennes, selon lesquelles les déficits publics doivent être en-dessous des 3% du PIB.

Emmanuel Macron a promis de réduire les dépenses publiques

Le président élu français a prévu dans son programme une réduction des dépenses publiques de 60 milliards d'euros en cinq ans, passant entre autres par la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires. Mais il a dans le même temps appelé l'Europe à se réformer et entend promouvoir des investissements au sein de l'Union européenne. Les conservateurs et sociaux-démocrates au sein du gouvernement de coalition de la chancelière Angela Merkel paraissent divisés sur l'attitude à adopter face aux projets européens du président élu français.

Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel, un social-démocrate, milite pour qu'Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble mettent en sourdine leur orthodoxie budgétaire afin de donner une marge de manoeuvre à Emmanuel Macron. Il a concrètement plaidé pour la création d'un Fonds d'investissement franco-allemand en faveur de la croissance, dont il entend donner les contours "dans les prochains jours".

"Nous devons à présent tout faire pour que la politique d'Emmanuel Macron réussisse en France et en Europe, car si ce n'est pas le cas Marine Le Pen est assez jeune pour se représenter dans cinq ans", a-t-il encore mis en garde lundi à Berlin. "J'ai demandé un jour à la chancelière ce qui était plus coûteux, un déficit de 0,5% plus élevé que prévu en France ou Madame Le Pen" présidente, a-t-il dit.

Tous les États de la zone euro ne sont pas d'accord

Ce projet risque toutefois de rencontrer de fortes résistances de la part de la chancelière et de ses ministres conservateurs. "La politique européenne de l'Allemagne est définie par l'ensemble du gouvernement", a lancé lundi le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert, en réponse à l'initiative de Sigmar Gabriel.

Jean-Claude Juncker, venu à Berlin pour la présentation d'un livre de Sigmar Gabriel, s'est par ailleurs dit réservé sur le projet d'Emmanuel Macron d'instituer un ministre des Finances de la zone euro. "Cela annonce une gestation très difficile car tous les États de la zone euro ne sont pas d'accord que quelqu'un soit assis à Bruxelles ou ailleurs et décide, au-dessus des Parlements nationaux, de la manière dont les budgets doivent être faits", a prévenu Jean-Claude Juncker.

A.M avec AFP