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Finances publiques

Les habitants du Marais sont-ils les chouchous d'Anne Hidalgo?

Les arrondissements du centre, rive droite, ont été particulièrement bien dotés.

Les arrondissements du centre, rive droite, ont été particulièrement bien dotés. - Montage Damien Gomez

"La mairie de Paris alloue des budgets aux différents arrondissements de la capitale. Et certains reçoivent plus que d'autres."

Les arrondissements de Paris ont-ils tous le même poids dans le coeur de la maire de Paris? Il semblerait bien que non. C'est du moins ce que peut laisser à penser le travail de trois étudiantes de l'ENSAE, l'école nationale de la statistique et de l'administration économique. Dans le cadre d'un projet de datavisualisation, ces dernières ont créé un site baptisé Paris Investit sur lequel sont répertoriés tous les investissements municipaux et les répartitions des budgets par arrondissement, depuis 2010, date de disponibilité des premières données. "Nous avons réalisé ce site dans l'idée de rendre plus lisibles les données budgétaires mises en ligne sur le site de la mairie de Paris" explique Sophie Maillard, l'une des étudiantes.

A première vue, on y constate que ce sont les arrondissements les plus grands et les plus peuplés qui ont reçu le plus de dotations entre 2010 et 2016. Ainsi, le XVIIIe arrondissement arrive en tête avec 171.827.968 euros, suivi par le XXe avec 147.952.208 euros et le XVIIe avec 132.261.080 euros. Mais en rapportant ces montants à la population de chaque arrondissement, il en va tout autrement. Les vrais gagnants de l'argent que la municipalité injecte dans l'embellissement, la modernisation ou le développement économique de la ville sont, indubitablement, les arrondissements du centre –côté rive droite.

Le 4ème, un arrondissement sportif

Avec 1.643 euros par habitant, le IVe arrondissement, celui où se situe l'Hôtel de Ville, fait même figure de privilégié. Il est suivi du Ier qui a disposé de 989 euros par habitant et du IIIe (961 euros). Seul le IIe apparaît un peu en retrait avec 491 euros par habitant. 

Or si ces arrondissements votent -à l'exception du Ier- à gauche, ils ne font pas partis des plus pauvres. Dans le IVe, le revenu médian atteint 37.558 euros, soit 10.000 euros de plus que dans le XVIIIe, l'arrondissement le plus pauvre de la capitale qui n'a pourtant reçu, lui, que 855 euros par personne. Le XIXe est encore moins bien loti avec 591 euros.

Comment justifier ce "favoritisme"? "Dans le cadre de la candidature aux JO de Paris, le sport a été le premier poste d'investissement entre 2010 et 2016", nous explique Sophie Maillard. Et justement, c'est dans le IVe arrondissement que les équipements sportifs ont le plus bénéficié de la manne municipale: 365 euros par personne, notamment pour la rénovation de la piscine Saint-Merri. Contre 7 euros pour le VIIIe ou 18 euros pour le VIIe.

Des arrondissements plus en vue?

André Menier, chef de cabinet de Julien Bargeton l'adjoint à la maire de Paris chargé des finances, réfute en tout cas toute idée de favoritisme: "Les choix d’investissements localisés dans les arrondissements se fait en co-construction avec les mairies, dans le respect du Code général des collectivités territoriales et du statut spécifique de Paris Lyon Marseille (art L2511-36) qui dispose de l’organisation d’une conférence annuel de programmation des investissements qui réunit chaque automne la maire de Paris et les maires d’arrondissements".

Et d'ajouter : "concernant le IVe, on constate, pour 2016, l’inscription de deux opérations très importantes en montant, 6,6 millions d'euros pour l’église Saint Gervais et 8 millions pour la piscine Saint Merri. Voici des exemples d’opérations localisées portant sur des équipements ou des édifices dont le rayonnement peut dépasser l’arrondissement".

Un rayonnement que le directeur général des services de la mairie du IVe arrondissement, Louis Perret, confirme: "il ne faut pas oublier que ce sont des arrondissements qui explosent la journée. Le IVe compte 28.000 habitants, mais dans la journée entre les travailleurs et les touristes, il y a au moins 130.000 personnes". L'image de l'arrondissement importe d'autant plus. 

Sans compter la concentration d'églises très anciennes. "Il y a, à Paris, un plan de rénovation du patrimoine cultuel. Il est certain que lorsque cela tombe sur une église du IVe, rapporté à la population, l’investissement semble important. Il en est de même concernant la rénovation du centre sportif Saint Merri (seule piscine du 4e). Le budget est conséquent, mais le même dans le XXe, rapporté à la population, serait passé inaperçu". Une question de nombre d'habitants aussi donc. 

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco