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Les ministres d'Édouard Philippe révèlent ce qu'ils gagnaient avant

Les déclarations d'intérêts des ministres, publiées par la haute autorité pour la transparence de la vie publique, révèlent leur revenus en 2016, avant qu'ils rejoignent le gouvernement. Certains vont y perdre et d'autres y gagner.

Gagnants ou perdants? En France, un ministre touche 9.940 euros brut, soit près de 8.500 euros nets, selon l'ex-député PS René Dosière, grand défenseur de la transparence. Cette rémunération peut sembler élevée aux yeux de certains Français. Pourtant depuis qu'ils ont intégré le gouvernement d'Édouard Philippe, la moitié des ministres qui n'avaient jamais exercé cette fonction ont consenti à un sacrifice sur le plan financier. Un constat que peuvent désormais faire les citoyens en consultant leurs déclarations de rémunération, publiées par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).

Pour vous épargner un travail fastidieux, voici en résumé ce qui ressort de ces déclarations. On y découvre d'abord de fortes disparités liées aux parcours professionnels antérieurs des membres du gouvernement. Les ministres issus de la société civile sont ceux qui avaient les revenus les plus élevés. Or, ils ne peuvent plus exercer leur fonction antérieure. Seuls ceux qui touchent des droits d'auteurs ou des dividendes, de même que les élus locaux, peuvent conserver cette part de leurs revenus antérieurs. Découvrez ci-dessous le classement de ceux qui gagnaient le mieux leur vie en 2016.

ILS Y ONT PERDU

  • Nicolas Hulot: 20.745 euros net/mois + 384.515 euros (dividendes + droits d'auteur sur l'année)

Le ministre de la Transition écologique et solidaire était de loin celui qui avait les revenus les plus élevés l'an dernier. Avec 663.461 euros cumulés sur l'année. Nicolas Hulot a d'abord perçu 248.946 euros comme gérant de sa société Eole Conseil, et 221.172 euros au titre de ses dividendes comme actionnaire à 99% de cette société et enfin 163.343 euros en droits d'auteur, pour les livres qu'il a publié.

  • Elisabeth Borne: 26.955 euros net/mois

La ministre des Transports, diplômée de l'école Polytechnique et ingénieure des Ponts, touchait un salaire confortable en tant que PDG de la RATP, poste qu'elle occupait depuis 2015. Élisabeth Borne avait succédé, à la tête de la RATP, à Pierre Mongin.

  • Jean-Michel Blanquer: 21.122 euros net/mois

Le ministre de l'Éducation nationale a été directeur général du groupe Essec, une grande école de commerce, poste qui a été sa principale source de revenus en 2016. Il a aussi été éditorialiste au magazine Le Point, et ses contributions lui ont rapporté 6.909 euros sur l'année.

  • Muriel Pénicaud : 16.927 euros net/mois

La ministre du Travail occupait le poste de directrice général de Business France, organisme public chargé de promouvoir l'économie et les entreprises françaises à l'international. Elle a perçu un salaire annuel net de 203.124 euros à ce titre. Très loin de ce qu'elle touchait en tant que DRH de Danone, où elle émargeait à plus de 2 millions annuels net en 2014.

  • Françoise Nyssen: 14.980 euros net/mois

La ministre de la Culture est présidente et co-directrice de la société d'édition Actes Sud, fondée par son père, Hubert. Elle a touché 127.374 euros à ce titre en plus des 50.000 euros perçus en tant que membre du conseil d'administration d'Europa Corp, la société de Luc Besson. Elle est par ailleurs administratrices d'une trentaine de sociétés (comme le CNC, la Banque de France, la BNF, etc.), sans toucher de jetons de présence.

  • Nicole Belloubet: 13.306 euros net/mois.

La ministre de la Justice siègait au Conseil constitutionnel, poste pour lequel elle a perçu 159.671 euros net l'an dernier.

  • Nathalie Loiseau: 12.738 euros net/mois + 6.602 euros (droits d'auteur sur l'année)

La ministre des Affaires européennes était directrice de la prestigieuse ENA (école nationale d'administration) depuis 2012. Elle a gagné à ce titre 152.870 euros net l'an dernier. Elle a aussi perçu des droits d'auteurs s'élevant à 6.602 euros.

  • Jean-Yves Le Drian: 11.049 euros net/mois

Le ministre de la Défense occupait déjà la même fonction sous François Hollande en 2016. Mais il touchait, en plus de son traitement de ministre, son indemnité de Président du Conseil régional (33.092 euros brut par an, soit environ 2.400 euros nets par mois). Il a dû démissionner de la présidence de la région le 2 juin dernier, tout en restant conseiller régional, fonction pour laquelle il a droit à une indemnité mensuelle de 2.661 euros brut.

  • Jacques Mézard: 9408 euros net/mois

Sur le site de la HATPV, la déclaration d'intérêts du ministre Jacques Mézard apparaît vide. Contacté par la rédaction, son entourage précise avoir envoyé une déclaration complète à la Haute autorité dès le 9 juillet. Ancien sénateur, Jacques Mézard assure avoir perçu pour l'année 2016, 48.453 euros comme indemnités d'élu. Par ailleurs, il a également touché 52.235 euros de pensions de retraite, ainsi que 4.768 de revenus de capitaux mobiliers et 7.446 de revenus fonciers. Soit un total de 112.902 euros dans l'année, ce qui donne l'équivalent de 9408 euros mensuellement. L'entourage du ministre précise qu'il n'exerce pas d'activités professionnelles ni d'activités de consultant et que sa principale source de revenus, en 2016, est sa pension de retraite d'avocat. 

ILS Y ONT GAGNÉ

  • Gérard Collomb: 8.628 euros brut/mois

L'actuel ministre de l'Intérieur et numéro 2 du gouvernement déclare avoir perçu l'année dernière 37.172 euros brut en tant que maire de Lyon, fonction qu'il a quitté en entrant au gouvernement après seize années de mandat. En parallèle, il assure avoir perçu une indemnité de 66.374 euros brut (5.531 euros/mois) en tant que sénateur du Rhône, montant inférieur à ce qu'est censé gagner un élu de la haute Assemblée. Selon le site du Sénat il aurait dû toucher 7.209 euros brut soit 5.423 euros net. Il est donc difficile d'établir avec certitude quelle était la rémunération précise de Gérard Collomb en 2016 d'autant que ce dernier assurait au début de l'année avoir été sanctionné par le Sénat pour absentéisme. Il disait alors devoir se contenter de 4.000 euros par mois pour vivre.

  • Agnès Buzyn: 7.845 euros euros net/mois

La ministre des Solidarités et de la Santé est médecin hématologue de formation, professeur des universités et praticienne hospitalière. Au moment de sa nomination au gouvernement, elle était présidente de la Haute autorité de santé, fonction qu'elle occupait depuis mars 2016. À ce titre, elle a déclaré un revenu annuel de 66.146 euros net, montant auquel s'ajoutent ses revenus de présidente de l'Inca (Institut national du cancer) de 19.474 euros sur 2016 et deux mois de salaire de son ancien poste de professeur à l'Université Pierre et Marie Curie. En tant que médecin, elle avait mis fin à ses fonctions rémunérées auprès des laboratoires pharmaceutiques dès mars 2011, avant d'être nommée à l'Inca.

  • Bruno Le Maire: 6.136 euros net/mois + 19.551 (droits d'auteur sur l'année)

Le ministre de l'Économie et des Finances touchait l'année dernière 23.306 euros de salaire annuel en tant que professeur à la Fondation des sciences politiques, son indemnité de député de l'Eure (50.328 euros par an), et enfin les droits d'auteurs sur les onze livres qu'il a écrit sur la politique et la musique (19.551 euros en 2016).

  • Frédérique Vidal: 7.660 euros net/mois

La ministre de l'Enseignement supérieur, ex-spécialiste de la génétique moléculaire à l'Université Sophia Antipolis, a perçu, l'an passé, 91.929 euros annuels, dont la majeure partie vient de son salaire en tant que professeur de l'Université de Nice (82.954), le reste venant de mission de recherche et de conseil pour des institutions russes.

  • Gérald Darmanin: 7.577 euros net/mois

En 2016, le ministre de l'Action et des Comptes publics émargeait à près de 43.594 euros par an comme Maire de Tourcoing, 28.835 comme vice-président du Conseil régional, et encore 18.497 en tant que vice-président de la métropole.

  • Édouard Philippe : 6.130 euros net/mois

Le Premier ministre était loin d'être le mieux payé du gouvernement Macron avant d'y entrer. En accédant à Matignon, il fait même partie des membres du gouvernement qui auront vu leur pouvoir d'achat progresser le plus. En tant que chef du gouvernement, il touche en effet 14.910 euros brut, soit près de 12.800 euros net, soit un doublement de sa rémunération mensuelle.

Édouard Philippe déclare avoir touché en 2016 moins de 4.000 euros par mois en tant que député de Seine-Maritime, 1.700 euros par mois comme président de la Communauté de l'agglomération havraise, et seulement 471 euros par mois comme maire du Havre. Cette dernière indemnité, assez dérisoire, s'explique par le fait que les indemnités des élus exerçant plusieurs mandats sont plafonnées. La somme maximale qu'ils peuvent toucher a été portée le 1er février 2017 à 8.371,59 euros par mois net.

  • Laura Flessel : 5.599 euros net/mois

La ministre des Sports et ex-championne d'escrime multi-médaillée aux Jeux Olympiques touchait 5.600 euros par mois en 2016, en tant que gérante de la société qu'elle a fondé, Flessel&Co, qui gère ses droits à l'image.

  • Annick Girardin : 5.243 euros net/mois

En 2016, l'actuelle ministre des Outre-mer officiait déjà dans le gouvernement Valls sous Hollande, comme secrétaire d'État chargée du développement et de la Francophonie jusqu'en février 2017, puis comme ministre de la Fonction publique. Elle déclare avoir perçu l'année dernière presque 62.925 euros. Un montant inférieur au salaire normal d'un ministre. Étrange? "Pas vraiment" répond René Dosière: "En tant qu'ancienne député, elle a pu continuer à cotiser au régime des retraites des parlementaires, ce qui expliquerait la différence avec sa rémunération brute".

F.B., N.G., P.K. et T.M.