Les réformes qui emballent les Français et celles qu’ils rejettent
Les résultats du dernier baromètre mensuel BFMBusiness-Challenges-Aviva réalisé par Odoxa sont sans appel. Les Français sont certes prêts à accepter des réformes fussent-elles radicales pour redresser l’économie. Mais ils sont loin d’être prêts à tout accepter. Trois pistes suscitent une approbation massive. La première concerne à titre personnel un nombre assez restreint parmi les Français interrogés par l’institut de sondage (*).
88% d’entre eux se disent favorables à ce que la législation autorise les entreprises à faire partir leurs salariés ayant atteint l’âge de la retraite (s’ils sont bien au taux plein) en échange de l’embauche d’un jeune. La deuxième est plus engageante. La France doit-elle réduire fortement son niveau de dépenses publiques (57%) pour le rapprocher de celui de l’Allemagne (44%)? 8 Français sur 10 répondent par l’affirmative.
Chômage: divergence sur la baisse de l'indemnisation
La troisième montre que les Français sont prêts à une réforme du code du travail plus ambitieuse que celle présentée mercredi 4 novembre à Matignon par Manuel Valls et sa ministre du Travail, Myriam El Khomri. 67% approuveraient ainsi l’instauration d’un "contrat de travail unique avec des droits qui augmentent au fur et à mesure des années".
En revanche, les autres pistes défendues par les tenants d’une approche libérale en matière économique, divisent toujours autant les Français. 56% des personnes interrogées se disent plutôt favorables à une réduction immédiate ou dégressive de l’indemnisation chômage. 52% disent oui à une réduction du nombre d’instances représentatives (CE, CHSCT…) dans les entreprises. Mais 52% affirment être plutôt opposés à ce que soit institué de manière transitoire un contrat de travail de trois ans.
Non à la suppression de l'ISF
Enfin, trois propositions de réformes ne sont pas loin de faire l’unanimité contre elles: le passage progressif de l’âge de la retraite de 62 à 65 ans (63% sont contre), la suppression de l’impôt sur la fortune (69%) et l’augmentation de la durée du travail sans augmenter d’autant les salaires (74%).
François Fillon, qui défend ces trois propositions, a encore du pain sur la planche pour faire adhérer les Français à son nouveau credo libéral. Quant à François Hollande, il n’est pas mieux loti puisqu’à en croire les Français, il ne sera pas en mesure de justifier sa candidature à l’élection présidentielle de 2017. Selon les résultats de notre baromètre mensuel, 79% des électeurs (dont 53% des sympathisants de gauche) pensent en effet de le chômage ne diminuera pas de façon continue d’ici la fin de son quinquennat.
(*) Enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1.001 Français de plus de 18 ans interrogés par Internet les 29 et 30 octobre 2015.