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L'intervention française au Mali : une mauvaise affaire pour le budget de la Défense

Le retrait d'Afghanistan devait alléger le coût des opérations extérieurs

Le retrait d'Afghanistan devait alléger le coût des opérations extérieurs - -

Avec le retrait des forces combattantes d'Afghanistan, le budget 2013 prévoyait une forte baisse des crédits destinés aux opérations militaires extérieures (Opex). L'engagement au Mali va contraindre l'Etat à accroître les crédits de la Défense.

L'engagement militaire français au Mali décidé vendredi 11 janvier par le Chef de l'Etat aura une conséquence immédiate : la nécessité de revoir à la hausse les crédits destinés aux Opérations militaires extérieures, les Opex en langage budgétaire.

Or, le budget 2013 avait prévu une baisse du surcoût des Opex en raison de retrait d'Afghanistan et du Kosovo, escompté ce dernier au cours de l'année. En 2011, avec l'opération aéronavale en Libye, le surcoût des Opex avait atteint 1,2 milliard d'euros (sur un budget total militaire de 37 milliards). Le record de ces dernières années. Pour 2012, avec le désengagement d'Afghanistan, il était descendu à 873 millions d'euros, même s'il ne s'agit que de prévisions, toujours inférieures à la réalité budgétaire constatée au final.

630 millions d'euros budgétés pour 2013

En 2013, les crédits inscrits au titre des surcoûts issus des opérations extérieures s’établissent à 630 millions d’euros. " Compte tenu de la diminution des engagements, il est possible que les surcoûts effectifs soient plus proches de la dotation inscrite que lors des années précédentes, tout en tenant compte de la difficulté à évaluer le coût des opérations logistiques accompagnant le retrait d’Afghanistan", commentait le député PS Jean Launay dans son rapport sur les crédits de la Défense publié en octobre.

Il ajoutait cependant : "compte tenu des différents points de tensions actuels à travers le monde, ne serait-ce qu’au Sahel, il serait hasardeux d’anticiper une décrue durable du volume et du coût des opérations extérieures de la France".

Le gouvernement va donc être contraint, si l'opération au Mali se prolonge, de prendre un décret d'avance afin d'abonder les crédits prévus initialement.

Il est vrai qu'une grande partie des militaires engagés au Mali étaient déjà prépositionnés depuis longtemps en Afrique, au Tchad dans le cadre de l'opération Epervier (981 soldats dont 300 aviateurs), en République centrafricaine (247 soldats) et en Côte d'Ivoire (796). Leur présence hors de l'Hexagone était déjà budgétée. De même que l'utilisation, samedi 12 janvier, des Mirage 2000 basés au Tchad.

Ce qui n'est pas le cas des Rafale qui ont décollé ce dimanche 13 janvier de leur base de la Marne pour rejoindre le Mali. L'heure de vol d'un tel chasseur est de 27 000 euros pour 11 700 euros pour les Mirage 2000.

Patrick Coquidé