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Finances publiques

L'introduction en Bourse de Coface inquiète l'UMP

Les industries de défense, comme Dassault et son Rafale, inquiètent particulièrement l'UMP.

Les industries de défense, comme Dassault et son Rafale, inquiètent particulièrement l'UMP. - -

Natixis veut introduire sur la cote sa filiale d'assurance-crédit avant la fin du premier semestre. Craignant des conséquences pour l'industrie exportatrice, l'opposition a déposé une proposition de résolution contre ce projet, ce mercredi 5 février.

Coface provoque l'inquiétude. Cette entreprise, spécialisée dans l'assurance-crédit, c’est-à-dire dans la protection des entreprises face au risque de défaillance de leur client, a publié ses résultats annuels, mardi 4 février.

Avec un bénéfice en hausse de 2,7% et malgré une diminution de 1,6% de son chiffre d'affaires, son directeur général, Jean-Marc Pillu, affirme que "[le] groupe se prépare avec confiance et enthousiasme au projet d'introduction en Bourse envisagé au premier semestre sous réserve des conditions de marché".

Depuis 2006, Coface est détenue à 100% par Natixis (*). Or cette dernière compte depuis un moment se désengager de sa filiale. Elle y avait notamment réfléchi en 2010, avant de se raviser, faute d'acquéreur.

Une introduction pressentie depuis longtemps

"Nous avons toujours affirmé depuis 2009 que l’activité d’assurance-crédit n’était pas stratégique pour notre groupe. La direction est donc connue. A terme, nous n’avons pas vocation à en garder le contrôle", expliquait François Pérol, le président du directoire de BPCE, la maison-mère de Natixis, dans une interview aux Echos du 19 février dernier. En conséquence, l'introduction en Bourse de Coface devrait être bouclée avant fin juin.

Mais l'opération n'est pas sans risque politique, car Coface, ancienne société publique privatisée en 1994, a une grosse activité à l'export, garantissant, par exemple, les contrats de groupe aéronautique.

Un vingtaine de députés, issus en très grande majorité de l'UMP, dépose ainsi, ce mercredi 5 février, une proposition de résolution contre ce projet d'introduction en Bourse.

"La Coface est de plus en plus gérée comme une société privée"

"Nous espérons que cette proposition soit débattue. L'objectif est que cela amène le gouvernement à se positionner, nous voulons savoir où veut aller l'exécutif sur cette question", explique Patrick Hetzel, député UMP du Bas-Rhin qui s'est associé à cette résolution.

"On est dans une situation où Coface est de plus en plus gérée comme une société privée", explique-t-il, ajoutant craindre que l'entreprise ne puisse plus remplir ses mission d'intérêt public. Il rappelle que l'ensemble des entreprises du GIFAS (groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) est concerné par l'affaire.

Au-delà des apparentes questions de souveraineté, dans le cas où Coface passerait sous pavillon étranger, il pointe un enjeu de compétitivité: "si nous voulons mener une véritable diplomatie économique (comme le veut Laurent Fabius, ndlr), il nous faut un outil pour cela".

Coface avait déjà connu un passage éclair sur les marchés, en étant coté de 1999 à 2002.

(*) Contacté par BFMbusiness.com, Natixis n'a pu répondre dans l'immédiat à nos questions.

Julien Marion