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Journée spéciale de l'industrie sur BFM Business: interview Louis Gallois

Louis Gallois se félicite de la constitution de filière, comme un élément pour redresser la compétitivité française

Louis Gallois se félicite de la constitution de filière, comme un élément pour redresser la compétitivité française - -

Le commissaire général à l'investissement et ancien patron d'EADS était l'invité de BFM Business, ce mercredi 10 avril. Il est notamment revenu sur les efforts du gouvernement pour relancer les compétitivité, efforts qu'il juge "satisfaisants".

A l'occasion de la Foire de Hanovre, qui se tient du 8 au 12 avril, l'émission Good Morning Business était axée sur l'industrie ce mercredi 10 avril, et elle a accueilli l'un des grands noms de l'industrie française: Louis Gallois, ex-patron de la SNCF, d'EADS et actuel commissaire général à l'investissement.

L'ex-capitaine d'industrie en a profité pour tirer un bilan des efforts entrepris par la gouvernement, que ce soit au niveau du pacte de compétitivité ou de l'accord sur l'emploi.

> Le pacte de compétitivité en bonne voie

"Je préfère voir le verre à moitié plein", a prévenu d'emblée Louis Gallois qui s'est dit "plutôt satisfait de ce qui est fait depuis six mois" après la présentation de son rapport sur la compétitivité des entreprises françaises, le 6 novembre dernier. "Un certain nombre de choses ont été faite. Evidemment , on ne va pas remonter 10 ans de perte de compétitivité en six mois", a-t-il prévenu.

Il a cité les nombreux éléments à son sens positif: la mise en place de la Banque publique d'investissement, le crédit d'impôt compétitivité pour l'emploi, et le préfinancement de celui-ci qui bénéficie déjà à 1.000 entreprises, et qui été ouvert la semaine dernière aux TPE.

Autre avancée, la constitution des comités de filière, "c'est à dire regrouper ensemble toutes les entreprises d'une même filière et voir ce qu'elles peuvent faire ensemble", a rappelé Louis Gallois.

Il évoque le cas du secteur automobile comme exemple de succès. "Auparavant, les constructeurs ne se parlaient pas et ne parlaient pas avec les équipementiers". "Désormais avec cette plateforme, le schmilblick bouge".

> L'accord sur l'emploi, pendant du pacte de compétitivité

"Une pierre blanche": voilà comment Louis Gallois définit l'accord sur l'emploi signé le 11 janvier dernier par les partenaires sociaux et dont le projet de loi de transpostion a été voté mardi 9 avril par les députés.

"Il faut regarder les pas faits en avant", a-t-il déclaré, ajoutant que cet accord était "un pas décisif" ainsi que "le pendant" sur l'emploi du pacte de compétitivité.

Principal avancée du texte pour le commissaire général à l'investissement: le recule de la précarité conjuguée avec plus de flexibilité. "On rapproche deux éléments opposés: on donne davantage de flexibilité au CDI, qui est un contrat solide, et on fait reculer l'extrême précarité du CDD", a-t-il expliqué.

> Les investissements d'avenir vont avoir un effet sur l'économie

Louis Gallois a reconnu que la France est "un pays en attente". Mais pour changer la donne, il table sur les investissements d'avenir, qui redéploient l'argent du Grand Emprunt lancé en 2010.

"Nous avons mis du temps mais cela commence à dépoter. Nous allons verser plus de 3 milliards d'euros par an les trois prochaines années pour l'innovation", s'est-il félicité.

"L'effet sur la macroéconomie va se faire sentir" a-t-il assuré. "Mais il faut d'abord que la croissance en Europe reparte, c'est ce qui nous coupe les jambes".

> L'Allemagne doit prendre ses responsabilités pour relancer la croissance

Justement, sur le sujet de la croissance en Europe, Louis Gallois a tenu un discours qui ressemble énormément à celui de François Hollande, lors du dernier sommet européen des 14 et 15 mars dernier.

"Je le dis: les pays déficitaires doivent faire le travail, c'est à dire réduire leur déficit , et les pays excédentaires doivent pousser la croissance", a-t-il estimé.

A ceci près que, contrairement au président de la République, Louis Gallois cite explicitement Berlin: "Il faut que l'Allemagne relance son économie, et prenne ses responsabilités pour favoriser la croissance en Europe".

Il conseille ainsi à Berlin de créer un salaire minimum pour éviter "que 2 millions de personnes soient payées moins de quatre euros de l'heure et que 8 millions gagnent moins que le smic français".

> A l'occasion de la Foire de Hanovre, BFM Business organise une journée spéciale industrie sur son antenne.
Retrouvez l'interview de Louis Gallois.

Julien Marion