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Macron égratigne le bonus du patron d'Alstom

Emmanuel Macron juge que le bonus de Patrick Kron est contraire aux principes morales et éthiques qu'une grande entreprise devrait avoir

Emmanuel Macron juge que le bonus de Patrick Kron est contraire aux principes morales et éthiques qu'une grande entreprise devrait avoir - Jacques Demarthon - AFP

Le ministre de l'Economie a souhaité vouloir "d'autres comportements" de la part des actionnaires, mercredi 11 mars. Il répondait alors à une question portant sur le bonus de 4 millions d'euros du PDG d'Alstom Patrick Kron.

Emmanuel Macron veut voir du changement dans les politiques de rémunération. "Rien n'empêche des actionnaires de récompenser un dirigeant avec un bonus exceptionnel s'ils considèrent qu'il a bien travaillé (...) mais dans certaines situations, je pense qu'on devrait adopter d'autres comportements", a affirmé le ministre de l'Economie devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale mercredi 11 mars.

Il répondait à une question sur le bonus de 4 millions d'euros que le PDG d'Alstom Patrick Kron doit recevoir à l'issue de la cession des activités énergie de son groupe au géant américain General Electric.

Un bonus "contraire aux principes éthiques"

"Manifestement les actionnaires actuels sont contents de cette opération. (...) A titre personnel, je ne considère pas que cette opération soit une grande victoire", a ajouté Emmanuel Macron, reconnaissant toutefois que le gouvernement n'avait pu "démontrer qu'une opération alternative était possible".

"Néanmoins, sur le plan politique et sur le plan moral, on ne peut pas être extraordinairement satisfait de ce genre de situation", a-t-il indiqué, estimant que ce bonus était "contraire aux principes éthiques que les grandes entreprises doivent avoir pour elles-mêmes".

Auditionné plus tôt dans la journée, Patrick Kron avait lui renvoyé la responsabilité de l'attribution de ce bonus au conseil d'administration de son groupe qui "a effectivement considéré en novembre dernier que cet accord méritait une prime" et "a pris cette décision à l'unanimité".

L'entrée de Bouygues au capital, une "erreur"

Interrogé sur la concomitance entre le rachat par GE des activités énergies d'Alstom et les poursuites judiciaires contre le groupe français par la justice américaine pour corruption, le ministre a affirmé que le gouvernement avait "mené diligence pour essayer de mettre en évidence un lien de cause à effet mais qu'il n'(a) pas réussi à l'établir".

"Je n'ai d'autre chose que la réponse qui m'a été faite par Patrick Kron (...) qui m'a assuré (...) que cette procédure n'avait eu aucune influence", a précisé Emmanuel Macron. Le fabricant français du TGV a finalement été condamné à une amende de 772 millions de dollars fin 2014, à la charge du groupe.

Enfin Emmanuel Macron a jugé qu'avoir fait entrer Bouygues au capital d'Alstom est l'une des "erreurs" ayant rendu inévitable pour Alstom la cession de ses activités énergies. Bouygues est entré au capital d'Alstom en 2006 après avoir racheté la participation de 21% appartenant à l'Etat et le groupe détient aujourd'hui un peu plus de 29% de l'équipementier. "Bouygues n'était pas adapté pour se substituer à l'Etat au capital d'Alstom parce que ça n'a jamais été une priorité stratégique et qu'ils n'ont jamais voulu réinvestir", a affirmé le ministre.

J.M. avec AFP