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Marine Le Pen entretient le flou sur le programme économique du FN

Marine Le Pen était l'invitée de L'émission politique ce jeudi.

Marine Le Pen était l'invitée de L'émission politique ce jeudi. - Thomas Samson - AFP

Lors de son passage dans l’Émission politique, ce jeudi sur France 2, Marine Le Pen n’a pas vraiment fait la lumière sur un certain nombre de sujets. Passage en revue.

Invitée de l’Emission politique, ce jeudi sur France 2, qui a battu au passage son record d’audience, Marine Le Pen était particulièrement attendue sur certains sujets. Et en particulier son programme économique, souvent jugé irréaliste par ses adversaires politiques.

Cette fois, c’est François Lenglet qui s’est chargé du réquisitoire. L’économiste "maison" de la chaîne publique a ainsi égrené de nombreuses mesures contenues dans le programme frontiste, dont il évalue le coût dans une fourchette allant de "100 à 200 milliards d’euros": embauche de plusieurs dizaines de milliers de militaires, policiers et personnels hospitalier, fiscalité en forte baisse (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, impôt sur les sociétés, entre autres), revalorisation de la rémunération des fonctionnaires, retour à la retraite à 60 ans… Autant de nouvelles dépenses dont on perçoit mal comment Marine Le Pen, élue présidente, parviendrait à les financer.

Flou sur l'augmentation de la dette française

Cette dernière, citant plusieurs rapports de l’OCDE ou de la Cour des comptes, a en effet indiqué qu’il serait possible de récupérer de l'argent en luttant contre différentes fraudes -dont l’évasion fiscale dans son ensemble, ou la fraude aux cotisations sociales. Elle évoque également une "taxe sur les profits détournés", ou la préférence pour les "médicaments génériques", sans autre précision.

Même si Marine Le Pen peut toujours rétorquer que le format de l'émission ne lui a pas permis de se montrer plus précise, les interrogations restent entières sur le financement de son programme.

Autre sujet brûlant évoqué: la sortie de l’euro. Et notamment la dévaluation du "nouveau franc" qui en résulterait avec, pour conséquence immédiate, une dette publique dont le montant s'envolerait. Marine Le Pen ne nie plus la réalité de ce risque mais elle assure qu'il serait bien moindre que ce que l’on pourrait craindre. Selon elle, l’immense majorité de la dette tricolore est libellée en droit français. Seul un faible pourcentage (de 10 à 15%, selon les versions des dirigeants frontistes) serait donc soumis à un remboursement dans la monnaie du détenteur (voire en euro si celui-ci est toujours debout).

Problème: ce scénario de sortie de l'euro n'est basé que sur des hypothèses, et aucune situation similaire ne permet de l’accréditer.

La méthode Trump bientôt copiée? 

Le projet de la présidente du FN sur l’emploi suscite également bien des doutes. La taxe de 10% sur les emplois de salariés étrangers, à la charge de l’employeur, risque par exemple de se heurter à certains écueils.

Tout d’abord, l’inscription de la préférence nationale dans la Constitution ne devrait pas être une partie de plaisir. De même que la relocalisation à marche forcée des entreprises françaises, qu’elle veut mettre en place en suivant le modèle de Donald Trump aux États-Unis.

L’instauration d’un droit de douane, dont elle n’a pas précisé le montant, poserait des problèmes y compris à des entreprises dont le "made in France" est le fer de lance. Présente sur le plateau, la patronne d'une entreprise spécialisée dans les selles de cheval, qui exporte essentiellement sa production vers les pays de l'UE, lui a exposé son cas personnel: si on ne lui permet plus d'importer au coût actuel certaines matières premières, nécessaires à son activité, et si l'on rétablit des barrières commerciales, elle sera contrainte de mettre la clé sous la porte. 

Y.D.