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Montebourg regrette la "désinvolture" française vis-à-vis de l'industrie

Arnaud Montebourg estime ne pas avoir pu faire tout ce qu'il désirait pour l'industrie

Arnaud Montebourg estime ne pas avoir pu faire tout ce qu'il désirait pour l'industrie - Alain Jocard - AFP

"L'ancien ministre de l'Économie a déploré ce mercredi 23 mars que la France n'ait pas plus d'ambition pour son industrie. Il affirme notamment que l'Hexagone a toujours préféré la Finance à "l'économie réelle"."

Arnaud Montebourg nourrit visiblement des regrets concernant la politique industrielle tricolore. L'ancien ministre de l'Économie a regretté mercredi une certaine "désinvolture" française vis-à-vis de l'industrie, affirmant qu'on a "toujours en France préféré le système financier" à l'économie réelle.

La théorie d'une "France sans usine", développée par l'ancien PDG d'Alcatel Serge Tchuruk, d'un pays où ne subsisteraient que des "stations de ski et des hôtels spa", comme l'a décrit l'écrivain Michel Houellebecq dans "La carte et le territoire", "toute cette vision-là est très implantée dans l'esprit de ceux qui nous dirigent, d'où cette désinvolture" vis-à-vis de la politique industrielle, a-t-il pointé.

"On a toujours en France préféré le système financier, bancaire (...) par rapport à l'économie réelle (...). On a toujours préféré les services à l'industrie de biens, et on n'a jamais mis en ordre de marche dans les préférences collectives nos outils économiques et politiques au service de ces objectifs", a-t-il poursuivi, au cours d'un colloque à la Chambre de commerce et d'industrie de Paris.

Montebourg "pas outillé"

"Moi j'ai essayé de la faire, mais je n'étais pas du tout outillé pour ça. Je n'avais pas les chefs qu'il me fallait, je n'avais pas les collègues qu'il me fallait", a déploré Arnaud Montebourg, qui a toutefois rendu hommage à son administration: "c'était de vrais patriotes, très engagés".

Pour lui, alors que la production industrielle ne représente plus que 13% de la richesse nationale -moins qu'en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne et en Espagne-, il faudrait une "mobilisation quasi militaire pour reconstruire cette industrie", mais la France ne s'en donne pas les "moyens".

L'ancien ministre, désormais vice-président du conseil de surveillance de NewWind (dont l'un des produits phares est "l'arbre à vent") a notamment regretté que la commande publique -"200 milliards d'euros" et 130.000 acheteurs- ne soit pas davantage mise au service de la réindustrialisation du pays.

"Pour moi, la question des achats publics, c'est une question de stimulation économique", a-t-il plaidé. L'apôtre du "Made in France", dont la rumeur d'un retour en politique ne cesse d'enfler, a également regretté qu'on ait "raté dans ce quinquennat la nouvelle réglementation des marchés publics et de la simplification".

J.M. avec AFP