BFM Business
Economie et Social

Le moral des ménages se tasse encore en mai

Le moral des consommateurs français s'est dégradé en mai pour le quatrième mois consécutif, selon l'enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages publiée par l'Insee. L'indicateur résumé de l'opinion des ménages sur la situation économique a reculé

Le moral des consommateurs français s'est dégradé en mai pour le quatrième mois consécutif, selon l'enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages publiée par l'Insee. L'indicateur résumé de l'opinion des ménages sur la situation économique a reculé - -

Les consommateurs français n'ont pas le moral. Et vous ? Inquiet, serein ou résolu... Exprimez-vous dans le forum ci-dessous !

PARIS (Reuters) - Le moral des ménages français s'est dégradé en mai pour le quatrième mois consécutif, reflétant leurs inquiétudes sur les finances publiques et les retraites, selon l'enquête mensuelle publiée par l'Insee.

L'indicateur résumé de l'opinion des ménages sur la situation économique a reculé d'un point à -38 pour revenir à son plus bas niveau depuis mai 2009.

Sa baisse atteint huit points depuis le mois de janvier et l'indice se situe à 20 points en deçà de sa moyenne depuis la création de l'enquête en 1987.

La statistique fait écho à la baisse de 1,2% de la consommation des ménages en produits manufacturés annoncée mercredi par l'Insee pour le mois d'avril, troisième baisse en quatre mois.

Les quelque 2.000 ménages interrogés par l'Insee ont une opinion quasiment stable sur le passé, qu'il s'agisse de leur situation financière personnelle ou du niveau de vie en France en général.

Mais ils sont beaucoup plus pessimistes pour l'avenir: le solde mesurant l'opinion sur leur situation financière future perd trois points par rapport à avril et recule de huit points depuis janvier, et celui sur l'évolution du niveau de vie en France chute de respectivement cinq et 16 points.

"C'est vraiment le débat sur les retraites qui pèse dans la dégradation des perspectives financières et des perspectives de niveau de vie", estime Olivier Gasnier, économiste à la Société générale.

"Et l'austérité dont on parle beaucoup n'a pas encore commencé, tout cela est à venir, si bien que les Français ne savent pas trop à quelle sauce ils vont être mangés".

LA RIGUEUR SÈME LE TROUBLE

Dans ces conditions, il est "illusoire" selon lui d'attendre une diminution rapide du taux d'épargne susceptible de soutenir la consommation même si la propension des ménages à réaliser des achats importants a progressé en mai (solde à -24 contre -26 en avril, à comparer à une moyenne historique de -13).

"La consommation des ménages devrait être en gros étale cette année", renchérit Nicolas Bouzou, du cabinet d'analyse Asterès.

"Le délirant débat sémantique autour de la rigueur a semé le trouble dans les esprits des Français qui craignent sans doute des hausses de prélèvements obligatoires et des baisses de salaire dans la fonction publique", ajoute-t-il en préférant parler d'"assainissement" budgétaire.

Dominique Barbet, chez BNP Paribas, veut retenir que le solde sur l'opportunité d'épargner a reculé de trois points à 14, en deçà de sa moyenne sur longue période (20).

"Les ménages semblent rassurés sur le fait que la réforme des retraites en gestation ne réduira pas les pensions et donc qu'ils n'auront pas à augmenter encore leur épargne, qui est déjà élevée avec un taux de 16,2% en 2009", indique-t-il.

L'enquête montre par ailleurs que les ménages ne perçoivent pas de tensions inflationnistes mais en attendent, le solde sur les anticipations d'inflation gagnant cinq points.

De même, ils sont encore nombreux à penser que la situation du marché du travail va rester compliquée. L'opinion sur l'évolution du chômage a certes baissé d'un point à 62, reflétant la stabilisation des dernières données disponibles, mais elle reste supérieure de près de trente points à la moyenne depuis 1987 (33).

Les chiffres des demandeurs d'emploi d'avril seront communiqués vendredi par Pôle emploi et l'Insee publiera le 3 juin le taux de chômage du premier trimestre.

Véronique Tison, édité par Yves Clarisse