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Nicolas Sarkozy encadre les relations agriculteurs-distributeurs

Le président du groupe de distribution Leclerc, Michel-Edouard Leclerc (à droite) et le président de la FNSEA, principal syndicat agricole, Jean-Michel Lemétayer, dans la cour de l'Elysée. Les distributeurs ont accepté de limiter le prix de vente des frui

Le président du groupe de distribution Leclerc, Michel-Edouard Leclerc (à droite) et le président de la FNSEA, principal syndicat agricole, Jean-Michel Lemétayer, dans la cour de l'Elysée. Les distributeurs ont accepté de limiter le prix de vente des frui - -

par Yann Le Guernigou PARIS - La grande distribution française s'est engagée lundi à modérer ses marges sur les fruits et légumes aux termes d'un...

par Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - La grande distribution française s'est engagée lundi à modérer ses marges sur les fruits et légumes aux termes d'un dispositif voulu par Nicolas Sarkozy pour éviter les crises à répétition dans le secteur.

Le chef de l'Etat a supervisé en personne la signature d'un accord par les patrons des sept grands distributeurs hexagonaux, Carrefour, Leclerc, Auchan et Casino en tête, confrontés à la menace d'une taxe supplémentaire s'ils n'obtempéraient pas.

La signature de cet accord hautement symbolique est intervenue à la veille du début de l'examen, par le Sénat, d'une nouvelle loi de modernisation de l'agriculture (LMA) qui incite les agriculteurs et leurs grands clients - distributeurs et industriels - à contractualiser leurs relations commerciales.

Elle intervient également avant la période estivale, régulièrement marquée par des actions contre la grande distribution de la part de producteurs de fruits confrontés à une chute des cours de leurs produits.

Il s'agit, selon Nicolas Sarkozy, de donner aux agriculteurs français de la visibilité "pas seulement sur les prix mais aussi sur la qualité des produits".

"Ce qu'on essaye de faire, c'est de renforcer la compétitivité structurelle de notre agriculture, de mieux la structurer, de mieux organiser ses relations avec la distribution", a-t-il dit.

Pour lui, l'intervention de l'Etat sur le sujet est "légitime tant que la confiance n'existe pas totalement" entre les deux parties. "Les affrontements entre les producteurs et la distribution, ça fait des dégâts et ça ne profite à personne."

Concrètement, l'accord signé lundi établit qu'en situation de "crise conjoncturelle avérée", quand le prix payé au producteur est "significativement inférieur" à sa moyenne des années précédentes, les distributeurs s'engagent à ne pas augmenter leur marge brute sur le produit concerné.

L'idée est que la faiblesse des cours profite aux consommateurs et dope ainsi la demande.

"Je suis un peu comme Saint-Thomas (...) je ne serai satisfait que quand on verra réellement dans les prochaines campagnes si l'engagement qui a été pris sera tenu", a déclaré Bruno Dupont, président de la Fédération nationale de producteurs de fruits.

"SUJET IDENTITAIRE"

Passibles d'une hausse de la taxe sur les surfaces commerciales s'ils refusaient de signer l'accord, les distributeurs s'y sont pliés tout en insistant sur les efforts déjà réalisés.

"Ce que nous avons accepté là, c'est de formaliser notre politique et de prendre un engagement qui permet de faire vérifier à tout le monde qu'en cas de crise, on n'augmente pas les marges mais plutôt on les baisse", a déclaré Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution.

"J'étais au départ assez irrité de la manière dont ça se passait, assez perplexe. Mais finalement je me rends compte que ça peut être un bon dispositif", a dit pour sa part Michel-Edouard Leclerc. "Le côté contraignant et collectif du dispositif rajoute à la crédibilité", a dit le dirigeant du groupe Leclerc.

Le président de la FNSEA, le principal syndicat agricole, a estimé que l'accord devrait plus profiter aux consommateurs qu'aux producteurs et dit attendre plus des dispositifs de contractualisation prévus par le projet de loi LMA.

"Si on veut vraiment franchir un pas déterminant pour sécuriser le revenu des producteurs, y compris du secteur des fruits et légumes, il faut aller plus avant dans la contractualisation", a dit Jean-Michel Lemétayer.

Cette contractualisation obligatoire reposera sur des accords interprofessionnels, l'Etat étant prêt à agir par décret pour deux filières si les discussions n'y aboutissent pas d'ici la fin de l'année : le lait et les fruits et légumes.

Nicolas Sarkozy a reconnu que le dialogue souhaité était ainsi "un peu encadré". Il a justifié son implication dans ce dossier en déclarant que l'avenir de l'agriculture était un "sujet de chef de l'Etat (...) un sujet identitaire , un sujet absolument stratégique".

Avec la contribution d'Emmanuel Jarry, édité par Gérard Bon