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Nicolas Sarkozy fait de 2011 le tournant de son quinquennat

Nicolas Sarkozy renvoie à 2011 les décisions sur une "nouvelle étape politique" et sur son propre avenir et envisage, pour la première fois, une pause dans les réformes au second semestre de cette année-là. /Photo prise le 11 mars 2010/REUTERS/Philippe Wo

Nicolas Sarkozy renvoie à 2011 les décisions sur une "nouvelle étape politique" et sur son propre avenir et envisage, pour la première fois, une pause dans les réformes au second semestre de cette année-là. /Photo prise le 11 mars 2010/REUTERS/Philippe Wo - -

PARIS - Le président Nicolas Sarkozy renvoie à 2011 les décisions sur une "nouvelle étape politique" et sur son propre avenir et envisage, pour la...

PARIS (Reuters) - Le président Nicolas Sarkozy renvoie à 2011 les décisions sur une "nouvelle étape politique" et sur son propre avenir et envisage, pour la première fois, une pause dans les réformes au second semestre de cette année-là.

Dans une interview à paraître dans le Figaro-Magazine deux jours avant le premier tour des élections régionales, il invite certes les électeurs de l'UMP à se mobiliser, alors que les sondages prédisent une large défaite de sa majorité.

Il réaffirme cependant que ce scrutin n'aura que des conséquences régionales et balaye les rumeurs d'agacement mutuel avec son Premier ministre François Fillon, plus populaire que lui dans les sondages et de plus en plus présent.

"Je travaille très bien avec le Premier ministre. Il met en oeuvre avec le gouvernement le programme que j'ai défini", dit le président de la République. "N'essayez pas de créer des problèmes là où il n'y en a pas."

Pas de remaniement ministériel de grande ampleur après le second tour des régionales, le 21 mars, donc.

"Si l'on devait changer de gouvernement du simple fait des élections régionales, ce serait incohérent avec la dimension régionale de ce scrutin", explique Nicolas Sarkozy.

"Nous verrons s'il conviendra d'envisager une nouvelle étape politique après la réforme des retraites", ajoute-t-il, sans exclure "quelques adaptations gouvernementales" d'ici là.

Le 25 janvier, il avait promis sur TF1 des décisions sur la réforme des retraites avant fin 2010. Ce qui reporte de facto à 2011 le lancement d'une "nouvelle étape politique".

Nicolas Sarkozy déclare par ailleurs qu'il ne prendra que fin 2011 sa décision sur une candidature à la présidentielle de 2012 et un second mandat. Décision qu'il subordonnera, dit-il, à des critères "collectifs et personnels".

"D'ici là, mon engagement restera total au service des Français", promet le chef de l'Etat.

PAUSE AU SECOND SEMESTRE 2011

Nicolas Sarkozy, qui a toujours défendu jusque-là l'idée de continuer à réformer le pays à marche forcée jusqu'au dernier jour de son mandat, laisse entrevoir pour la première fois une pause, à l'approche du scrutin présidentiel de 2012.

Il annonce son intention d'engager l'automne prochain, après la réforme des retraites, une concertation sur la création d'un "cinquième risque" et la dépendance des personnes âgées.

"Une fois ces dossiers bouclés, je proposerai au Parlement de compléter toutes les réformes réalisées depuis 2007", poursuit le chef de l'Etat. "Université, travail du dimanche, 35 heures, heures supplémentaires ... : nous ferons un audit de toutes les réformes pour les améliorer."

"Ensuite, au second semestre 2011, le gouvernement marquera une pause pour que le Parlement puisse, s'il le souhaite, délégiférer", ajoute-t-il. "La complexité est souvent telle que personne ne s'y retrouve plus. Il sera grand temps de s'attaquer au chantier de la simplification législative et administrative."

Des voix se sont élevées dans la majorité pour critiquer un programme de réformes trop dense, ne laissant pas assez de temps à l'élaboration des lois, puis à leur mise en application.

ACCÉLÉRATION DE LA LUTTE CONTRE L'INSÉCURITÉ

Nicolas Sarkozy défend aussi de nouveau la nomination ici ou là de personnalités de gauche - une "ouverture politique" de plus en plus critiquée dans son camp : "Je suis prêt à créer un léger sentiment d'incompréhension momentanée pour inscrire (...) la démocratie française dans l'exemplarité", explique-t-il.

Il flatte en revanche l'opinion de droite en assurant ne pas avoir enterré le débat controversé sur l'identité nationale française et en promettant des "mesures importantes" en avril.

Il annonce également son intention de "passer à la vitesse supérieure" en matière de lutte contre l'insécurité, notamment par la généralisation de la vidéo-surveillance.

Il promet de prendre le temps de la concertation sur la mise en place d'une taxe carbone également contestée dans sa majorité et affirme que sa politique de révision des politiques publiques a permis d'économiser sept milliards d'euros par an.

Il assure que la réforme de la retraite et un éventuel allongement de la durée de cotisation concerneront tout autant les fonctionnaires que le secteur privé. Il rejette en revanche le mot rigueur et réaffirme qu'il n'augmentera pas les impôts.

Le chef de l'Etat redit que le chômage diminuera "dans le courant de 2010" et promet aussi des décisions en avril sur la filière nucléaire française, dont il juge "inadmissibles" les querelles internes entre dirigeants de grands groupes.

Emmanuel Jarry, avec le service France, édité par Yves Clarisse