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Nicolas Sarkozy présente sa nouvelle politique industrielle

Nicolas Sarkozy a présenté les grandes lignes d'une politique industrielle visant à enrayer l'érosion de l'industrie française et de l'emploi dans ce secteur. Le président de la République a tiré les conclusions des Etats généraux de l'Industrie devant pr

Nicolas Sarkozy a présenté les grandes lignes d'une politique industrielle visant à enrayer l'érosion de l'industrie française et de l'emploi dans ce secteur. Le président de la République a tiré les conclusions des Etats généraux de l'Industrie devant pr - -

par Emmanuel Jarry MARIGNANE, Bouches-du-Rhône - Nicolas Sarkozy a présenté jeudi les grandes lignes d'une politique industrielle visant à enrayer...

par Emmanuel Jarry

MARIGNANE, Bouches-du-Rhône (Reuters) - Nicolas Sarkozy a présenté jeudi les grandes lignes d'une politique industrielle visant à enrayer l'érosion de l'industrie française et de l'emploi dans ce secteur.

Le président de la République a tiré les conclusions des Etats généraux de l'Industrie, lancés l'automne dernier, devant près de 1.500 personnes réunis dans l'usine Eurocopter de Marignane, près de Marseille.

"J'ai la profonde conviction qu'un pays qui n'a pas d'industrie n'a rien à vendre et finit par s'appauvrir", a-t-il déclaré. "Je conteste l'idée qu'il convient de donner la priorité absolue aux services et d'abandonner l'industrie."

La part de l'industrie manufacturière dans la valeur ajoutée marchande est en France de 16%, alors que la moyenne est d'environ 22% dans la zone euro et atteint 30% en Allemagne.

Des débats des Etats généraux de l'industrie, qui ont mobilisé 5.000 personnes dans tout le pays pendant trois mois, Nicolas Sarkozy a retenu 23 orientations.

Celles-ci, dit un document distribué par l'Elysée, doivent permettre à la France d'augmenter sa production industrielle de plus de 25% d'ici 2015 et d'arrêter l'érosion de l'emploi industriel, qui est passé de 25% de la population active des secteurs marchands en 2000 à 21% en 2009.

FISCALITÉ INCITATIVE

Nicolas Sarkozy a annoncé que le gouvernement consacrerait à des investissements verts 500 millions d'euros puisés dans les sommes levées par l'emprunt national pour financer des dépenses stratégiques. Objectif: aider des entreprises à améliorer leur outil de production et à réduire leurs émissions polluantes.

Trois cents autres millions seront consacrés à la réorganisation de l'industrie française en filières et 200 millions iront au financement d'avances remboursables sur trois ans pour aider la réinstallation d'entreprises, sous la forme d'une "prime à la relocalisation".

Nicolas Sarkozy s'est aussi prononcé pour une fiscalité incitative pour favoriser l'exploitation des brevets en France.

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, devra par ailleurs proposer d'ici juillet des mesures pour favoriser l'orientation de l'épargne des Français vers l'industrie.

De même, selon un document distribué par l'Elysée, la création d'un "livret épargne industrie" s'inspirant du livret dit de développement durable sera étudiée.

"Nous allons définir les modalités pour mobiliser environ 300 milliards d'euros d'épargne des Français sur l'industrie", a dit le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, interrogé sur France Info sur ce futur livret.

Une mission sera lancée ce mois-ci afin de proposer en septembre prochain des simplifications de la règlementation.

L'ÉTAT ACTIONNAIRE VEUT PESER

L'Etat va par ailleurs "profondément revoir" son rôle d'actionnaire des grandes entreprises industrielles, afin de peser davantage dans leur stratégie a dit Nicolas Sarkozy.

"Je n'accepte pas que le grand groupe automobile privé PSA ait les deux tiers de ses effectifs en France et qu'un autre constructeur automobile ait seulement un tiers de ses effectifs en France, alors que l'Etat est propriétaire à 15%", a-t-il souligné en faisant allusion à Renault.

Nicolas Sarkozy a annoncé la mise en place d'un "médiateur de la sous-traitance" pour améliorer les relations entre les donneurs d'ordre et leurs sous-traitants.

Parmi des mesures plus générales, il a annoncé la création d'une "Conférence nationale de l'industrie", associant Etat, partenaires sociaux et personnalités qualifiés, pour en faire un organe de "consultation et de proposition".

Il a également annoncé un renforcement des liens entre industrie, éducation nationale et enseignement supérieur et le recours aux seniors pour transmettre les savoir industriels, grâce à un système de tutorat. Nicolas Sarkozy a enfin souhaité que soit "ressuscité" le label "fabriqué en France".

L'organisation des Etats généraux de l'industrie avait été inspirée par les syndicaux, dont la CGT. Mais aucun des leaders des grandes centrales n'avait fait le déplacement de Marignane. Seule la présidente du Medef, Laurence Parisot était venue.

En revanche, les chefs de file du Parti socialiste et de l'UMP pour les élections régionales des 14 et 21 mars en Provence-Alpes-Côte d'Azur, le président sortant du conseil régional Michel Vauzelle et Thierry Mariani, ont accompagné Nicolas Sarkozy dans sa visite de l'usine Eurocopter.

Le candidat socialiste a estimé que la venue de Nicolas Sarkozy à dix jours d'un scrutin difficile pour la majorité présidentielle était "électoral". Ce que le sénateur maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin s'est empressé de démentir.

"Le président fait son boulot de président, il ne fait pas les élections. Les élections, c'est nous. Et on va gagner !" a-t-il dit à des journalistes, avant d'ajouter en aparté: "Je n'en suis pas si sûr."

Edité par Gilles Trequesser