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Noyer: "l'euro fort, ce sont les forces du marché qui créent cela"

Christian Noyer était l'invité de BFM Business ce mercredi 12 février.

Christian Noyer était l'invité de BFM Business ce mercredi 12 février. - -

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, était l'invité de BFM Business ce mercredi 12 février. Il est revenu notamment sur l'euro fort et le rapport de la Cour des comptes.

"Personne ne veut un euro fort ou un euro faible". Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et invité de BFM Business ce mercredi 12 février, comprend parfaitement les discussions actuelles autour de l'euro fort.

Arnaud Montebourg, a réaffirmé, dans une interview publiée dimanche 9 février par les Echos, sa volonté de "faire baisser l'euro", estimant que son niveau actuel "annihile les efforts de compétitivité" lancés en France.

Mais Christian Noyer explique que "nous vivons dans un régime de change flexible depuis les années 70. Le taux de change entre les différentes monnaies est fixé par le marché". Et surtout, il précise qu'il n'y a pas de bon niveau. "Le bon niveau pour une entreprise est différent de celui de l’entreprise d'à côté".

Pour lui, le vrai débat est la compétitivité. "Si nous sommes dans une situation où la compétitivité dans un pays est beaucoup plus faible que dans le pays voisin et les deux pays appartiennent à la même zone monétaire, nous avons un problème dans celui le moins compétitif". C'est pour cela que l'euro fort est plus problèmatique en France qu'en Allemagne.

Par ailleurs, il rappelle que ce n'est pas un problème de politique monétaire puisque toutes les banques centrales ont des taux d'intérêts proche de 0. "Ce sont les forces du marché qui créent cela".

"Ne baissons pas les bras".

Concernant le rapport de la Cour des comptes publié mardi 11 février, Christian Noyer en a retenu que le positif. "Elle souligne qu'un effort très important a été fait en 2013 et que l'objectif de déficit 3,6% du PIB pourrait être atteignable".

Christian Noyer estime lui-même que cet objectif est atteignable. "Ne baissons pas les bras".

Il rappelle que la Cour des comptes donne seulement des pistes et que c'est au gouvernement de faire ses choix. Il souligne tout de même qu'il faut des faits concrets et rapides, des pistes sérieuses, tangibles et convaincantes.

Même s'il reconnait que cela ne doit pas prendre 6 mois, que nous sommes en situation d'urgence économique, "vous ne pouvez pas demander d'avoir en 5 minutes tous les choix faits et toutes les pistes complétements élaborés sur la table".

Passe d'armes entre Michel Barnier et Christian Noyer

Le projet de réforme bancaire de Bruxelles a donné lieu à une nouvelle passe d'armes entre Michel Barnier et Christian Noyer. "L'objectif poursuivi par la Commission est légitime, mais les modalités retenues sont dangereuses car elles touchent directement au financement des entreprises", a réaffirmé Christian Noyer dans une tribune au quotidien Le Monde daté de jeudi.

Dans Les Echos, Michel Barnier, commissaire européen aux services financiers, a contre-attaqué, estimant que la proposition de Bruxelles "ne pénalise pas le financement de l'économie réelle".

"Au contraire, en interdisant les activités les plus risquées, nous invitons les banques à se consacrer au financement de l'économie. Et si une banque était contrainte à la filialisation, les coûts associés seraient très modérés par rapport aux coûts d'une crise d'ampleur systémique", explique-t-il.

Les règles proposées par Bruxelles, qui concernent seulement une trentaine de grandes banques européennes, prévoient qu'elles ne pourront plus négocier pour leur propre compte afin de réaliser des profits. Sur BFM Business, Christian Noyer a déclaré : "je suis d'accord avec Michel Barnier que les opérations pour compte propre qui portent des risques, doivent être interdites ou isolées. Là nous sommes d'accord. La seule question en débat: est-ce que les banques peuvent continuer à faire de la tenue de marchés? Si elles sont utiles à l'économie, on doit les laisser faire".

Diane Lacaze