BFM Business
Economie et Social

Ouverture le dimanche: Hidalgo demande des comptes à Macron

Anne Hidalgo a écrit une lettre à Emmanuel Macron.

Anne Hidalgo a écrit une lettre à Emmanuel Macron. - Abbas Momani - AFP

"Je souhaite ainsi vous réaffirmer mon profond désaccord sur les principes comme sur la méthode". La maire de Paris a écrit une lettre au vitriol à Emmanuel Macron.

Anne Hidalgo n'est pas d'accord et le fait largement savoir. La maire de Paris annonce son intention de poser "prochainement" une question prioritaire de constitutionnalité sur l'ouverture des commerces le dimanche dans la capitale, dans une lettre au vitriol adressée vendredi au ministre de l'Economie Emmanuel Macron.

"La loi pour la croissance (...) persiste (...) à ôter à la Maire de Paris la compétence pour attribuer les douze dimanches du maire pour les attribuer au préfet (...) Je ne manquerai pas d'invoquer cette inconstitutionnalité par le biais d'une question prioritaire de constitutionnalité prochainement", écrit Anne Hidalgo dans cette lettre, dont l'AFP a obtenu dimanche une copie. "Je souhaite ainsi vous réaffirmer mon profond désaccord sur les principes comme sur la méthode imposant aux acteurs locaux la définition des règles régissant leurs territoires et dérogeant aux principes fondamentaux du droit du travail en France", explique la maire de Paris, vent debout depuis le début contre l'extension de l'ouverture dominicale des commerces.

Paris "a su jusqu'à présent conserver son identité propre"

"Je tiens à vous faire part de ma surprise quant au nombre et à l'étendue des zones touristiques internationales (ZTI) projetées, très au-delà de celles évoquées lors du débat parlementaire", s'inquiète-t-elle. "Cette extension massive et la création de nouvelles zones ne répondent (...) à aucun critère objectif ni, dans certains cas, à aucune réalité touristique", dénonce-t-elle. "Les zones que vous projetez d'instituer révèlent le fantasme d'une ville entièrement dédiée à un tourisme consumériste".

Paris "a su jusqu'à présent conserver son identité propre et sa spécificité. L'indifférenciation et la standardisation des grandes villes-monde n'est pas le projet que je porte pour Paris". "Les zones que vous souhaitez instituer (...) auront des conséquences négatives pour le commerce de proximité, qui sera affaibli face à la concurrence des franchises", critique-t-elle, dénonçant aussi une "réforme de société" imposée à Paris "sans implication des acteurs locaux (...) de façon hâtive, dirigiste et centralisée".

Elle reproche enfin au ministre d'avoir "explicitement refusé que les maires disposent d'un avis conforme sur la création des ZTI".

Déçu "de prendre connaissance de ce courrier par voie de presse"

Interrogé dimanche par l'AFP sur ce courrier, le ministère de l'Economie a tout d'abord regretté "de prendre connaissance de ce courrier par voie de presse".

Concernant la compétence de la maire sur l'attribution des 12 dimanches, le ministère estime que "la commune de Paris ne se trouve pas dans la même position que les autres communes. L'ouverture des commerces le dimanche relève du domaine de compétence de l'Etat, délégué aux maires et attribué au préfet de police dans le cas particulier de Paris".

Concernant un éventuel avis conforme de la maire sur le zonage des ZTI, le ministère explique que "le zonage relève du pouvoir réglementaire. Le Conseil Constitutionnel rappelle de manière constante que le pouvoir réglementaire de l'Etat ne peut être partagé ou limité par un avis conforme".

D. L. avec AFP