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Pacte de compétitivité : la majorité en danger ?

Les dissensions au sein de la majorité présidentielle se multiplient à propos du crédit d'impôts pour les entreprises

Les dissensions au sein de la majorité présidentielle se multiplient à propos du crédit d'impôts pour les entreprises - -

François Hollande abordera en détail le pacte de compétitivité mardi, lors de la première grande conférence de presse de son quinquennat. Un sujet très sensible au sein de la majorité.

La majorité, qui agrège socialistes, écologistes, communistes et membres du parti de gauche, voit d'un mauvais œil l'ampleur des crédits accordés aux entreprises. Elle se demande si des conditions, des contreparties sont prévues. A Bercy, on joue sur la sémantique.

Le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, rechigne à employer le mot conditions. Il ne souhaite pas le voir apparaître dans le texte sur la compétitivité. Le crédit d'impôt à venir concerne donc les entreprises, toutes les entreprises, a-t-il précisé lundi 12 novembre au matin devant un parterre d'entrepreneurs et Laurence Parisot.

Des contreparties minimes

Là, le risque que la majorité se fissure pointe. L'idée d'accorder des aides massives à toutes les entreprises, sans "retour sur investissement" gravé dans le marbre, est inconcevable pour les Verts, les communistes, et une partie des socialistes.

Alors pour ne pas les brusquer, Pierre Moscovici ne veut pas non plus faire de chèque en blanc. Il veut aussi des contreparties. Il s'agit simplement d'une meilleure gouvernance, avec des salariés présents au conseil d'administration qui pourront contrôler l'utilisation du crédit d'impôt. Ils veilleront à ce que ce dispositif ne serve pas à augmenter les dividendes. Par ailleurs, un comité de suivi va être mis en place, pour permettre à l'Etat de dresser un bilan régulier du crédit d’impôt.

Le pacte de compétitivité vu comme très libéral

Reste que pour ses partenaires, François Hollande s'est clairement positionné sur un courant de gauche libérale, à travers son pacte de compétitivité. Le consensus paraît maintenant difficile à trouver au sein de sa famille politique, à moins de vider de sa substance le plan annoncé la semaine dernière.

A Matignon, on estime qu'il n'y a pas encore le feu au lac. L'heure est maintenant à la pédagogie. Le chef de l'Etat va s'appuyer sur un homme qui lui fait consensus, Louis Gallois, l’auteur dudit pacte, pour lancer son appel à l'effort national autour de la reconquête industrielle.

Et il y a urgence à convaincre. Car le Pacte a été préparé en tout petit comité, les arbitrages ont été pris très vite et dans le secret le plus total. Au final, l'effet de surprise a été total. C'est aussi pour cela qu'ils sont un certain nombre au sein de la majorité, au moins pour la forme, à vouloir faire entendre leur voix.

Mathieu Jolivet