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Pascal Lamy: "Arnaud Montebourg n'a pas une attitude positive sur la mondialisation"

Pascal Lamy était l'invité de BFM Politique ce 16 mars.

Pascal Lamy était l'invité de BFM Politique ce 16 mars. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

L'ex-directeur de l'Organisation mondiale du Commerce, et ex-commissaire européen, invité de BFMTV ce dimanche 16 mars, a martelé qu'il ne fallait pas avoir peur de la mondialisation.

A l'occasion de la sortie de son livre, "quand la France s'éveillera", Pascal Lamy était l'invité de BFM Politique, ce dimanche 16 mars. L'ex-directeur de l'Organisation mondiale du commerce, et ex-commissaire européen, y a évoqué les intérêts de la mondialisation, l'interdépendance de l'Europe avec la Russie, et le manque de vision européenne dans le secteur des télécoms.

> Sur la mondialisation

"On n'est pas d'accord avec Arnaud Montebourg sur la mondialisation. Il n'a pas l'attitude positive qu'il devrait avoir", continue-t-il. "Cette mondialisation a de bons et de mauvais côtés. Elle réduit énormément la pauvreté. En tant qu'homme de gauche, il faut se réjouir du fait que la pauvreté se réduise dans le monde".

Une autre marotte du ministre du Redressement productif lui pose question: "si le made in France veut dire que tout le monde fait chez soi ce qu'il consomme, cela veut dire des tee-shirts faits en France et des Airbus faits en Chine. Ce n'est pas le bon avenir pour les travailleurs français".

> Sur l'euro fort

Lorsqu'on évoque les déclarations du gouvernement qui fustige l'euro fort, Pascal Lamy sourit. "Si on regarde les chiffres, là où la France a un problème de compétitivité majeur et de déficit commercial, c'est en zone euro. Alors qu'hors-énergie, nous sommes excédentaires partout ailleurs. C'est bien la preuve que le problème des exportations françaises n'est pas lié à l'euro", souligne-t-il.

> Sur le dossier ukrainien

L'OCDE a suspendu tous les processus d'adhésion de Moscou à l'Organisation. Fallait-il, au départ, l'inviter à en faire partie? Pascal Lamy estime que oui: "la Russie est une partie importante de ce monde, il faut qu'elle rentre dans l'économie globale, qu'elle diversifie ses échanges -aujourd'hui elle exporte aux trois-quarts de l'énergie-, si on veut qu'elle se modernise et qu'elle revienne dans le lit de la civilisation européenne, ce que je crois possible".

Des sanctions économiques contre le pays sont-elles envisageables? "Dans l'Etat de dépendance énergétique dans laquelle se trouve l'Europe vis-à-vis de la Russie, on ne peut pas se passer d'elle. Donc il faut négocier", tranche l'ancien directeur de l'OMC.

> La guerre des télécoms

Le gouvernement soutenait l'offre de Bouygues pour le rachat de SFR, celle de Numericable a été choisie. Certains ministres dénoncent le statut de résident fiscal suisse du patron du cablo-opérateur, Patrick Drahi. "Je comprends que la question [de sa résidence fiscale] se pose sur le plan symbolique, mais dans la réalité des faits, nous avons besoin de gens qui travaillent sur plusieurs continents", considère Pascal Lamy.

Pour lui, le vrai sujet est celui d'un secteur des télécoms européen harmonisé. "On se demande de combien d'opérateurs a-t-on besoin en France. La bonne question est: de combien en-a-t-on besoin en Europe? Il y en a 90 dans la zone, c'est beaucoup trop, on a besoin d'économie numérique".

N.G.