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Les policiers réclament des moyens face aux bandes urbaines

Au-delà de la fermeté affichée par le gouvernement, des syndicats de police veulent croire qu'ils ont été enfin entendus sur la nécessité de "déminer les banlieues" en proie aux violences urbaines. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

Au-delà de la fermeté affichée par le gouvernement, des syndicats de police veulent croire qu'ils ont été enfin entendus sur la nécessité de "déminer les banlieues" en proie aux violences urbaines. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau - -

par Gérard Bon PARIS - Au-delà de la fermeté affichée par le gouvernement, des syndicats de police veulent croire qu'ils ont été enfin entendus sur...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Au-delà de la fermeté affichée par le gouvernement, des syndicats de police veulent croire qu'ils ont été enfin entendus sur la nécessité de "déminer les banlieues" en proie aux violences urbaines.

Mais pour la plupart, aucun travail de fond ne sera possible sans le gel des suppressions de postes engagées dans la police et une véritable politique de prévention.

"Le volet répression a atteint ses limites", dit Yannick Danio, porte-parole de l'Union SGP-Unité police (majoritaire) dans une interview à Reuters.

Une attaque de bus au cocktail Molotov mercredi soir à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) a relancé le débat sur l'insécurité dans les banlieues sensibles et la politique menée depuis 2002 sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy.

Dans un style inspiré de Nicolas Sarkozy lorsqu'il dirigeait l'Intérieur, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a fustigé jeudi "les petites crapules des cités", affirmant vouloir "faire la guerre aux trafics et aux bandes".

"Depuis des années, nous disons qu'il faut déminer les banlieues", réagit Yannick Danio. "Mais ce dont nous avons besoin en urgence, ce sont des effectifs de policiers et donc le gel de la RGPP (Révision générale des politiques publiques) dans la police nationale", ajoute-t-il.

Pour le syndicaliste, "on ne peut pas envisager, comme c'est aujourd'hui prévu, que demain, la sécurité publique soit aux mains des polices municipales et des sociétés privées".

Interrogé sur les propos de Brice Hortefeux, il répond: "Sommes-nous dans la communication ou, enfin, le ministre a-t-il pris en compte la réalité ?"

Le policier ne se déclare pas particulièrement choqué par le vocabulaire du ministre, estimant qu'il s'inscrit dans le fil de certains de ses prédécesseurs, comme le socialiste Jean-Pierre Chevènement parlant de "sauvageons".

Il souligne que le phénomène des bandes est une réalité que son syndicat dénonce de longue date.

FABRIQUER DES CHÔMEURS

"Beaucoup de zones sensibles sont aux mains de petits caïds qui font régner une loi de la jungle, qui pourrissent la vie des habitants et qui considèrent leur quartier comme des zones de non-droit", explique-t-il.

Le syndicaliste redoute toutefois que les opérations "coup de poing" annoncées par Brice Hortefeux ne se bornent à "enlever les caïds" de quelques cités sans pour autant y restaurer durablement la sécurité.

"C'est bien beau d'avoir fait des interpellations à Tremblay-en-France. Encore faudra-t-il que, par la suite, les policiers, les éducateurs et d'une façon générale le service public, aient les effectifs suffisants pour pouvoir mener un travail de fond", explique-t-il.

Déjà exaspérés par la "politique du chiffre" imposée par Nicolas Sarkozy, une grande partie de la base policière vit mal les suppressions de postes liées à la RGPP, qui vont de 4.800 d'ici 2011 à 10.000 selon les sources.

"Pour 2010, la loi de finances prévoit 2.018 suppressions de postes", dit Yannick Danio.

Face à la grogne policière, Brice Hortefeux a récemment annoncé le recrutement d'ici 2011 de 1.500 adjoints de sécurité supplémentaires auxquels pourraient s'ajouter 3.500 autres à moyen terme, selon des sources policières.

Les adjoints de sécurité, au nombre actuellement d'environ 10.000, sont des agents contractuels ayant entre 18 et 26 ans et engagés pour cinq ans.

Mais les nouveaux embauchés se verront proposer un contrat de trois ans et leur rôle consiste surtout à assister les policiers, notamment sur la voie publique, dans leurs missions de prévention de la délinquance.

"Les 1.500 recrutés et peut-être 3.500 demain, ce sont a priori des chômeurs qu'on est en train de fabriquer", déplore Yannick Danio.

"On ne leur laisse pas l'opportunité de passer le concours de gardiens de la paix puisqu'il n'y a plus de recrutement de gardiens", ajoute-t-il.

Edité par Gilles Trequesser