Pourquoi beaucoup de PME sont en panne de repreneurs
La transmission des entreprises en France devient un problème en France à mesure du vieillissement de leurs dirigeants. Ce sont 34% des ETI (entreprise de taille intermédiaire) qui sont dirigées par des plus de 60 ans, et 18% d’entre elles par des plus de 65 ans.
"On comprend l’importance de l’enjeu pour ces entreprises dont la croissance et la pérennisation sont une priorité pour l’économie nationale" explique la BPI dans une étude très détaillée et inédite réalisée auprès de 300 dirigeants de grosses PME. Un segment d'entreprises pour lesquelles la France n'est pas bien dotée. Notre pays compte autour de 3.500 ETI quand leurs équivalentes allemandes sont… 6.000 et les britanniques 6.000, aussi.
Le principal problème identifié tient au manque d'anticipation des dirigeants pour organiser leur succession. Il devient crucial pour les 1 800 entreprises appartenant aux ETI patrimoniales (dont font partie les ETI familiales) dont le capital est détenu par des personnes physiques.
Le délai nécessaire à la transmission, s'avère très sous-estimé
Interrogés sur la durée nécessaire à une transmission, les dirigeants sollicités sont une nette majorité à sous-estimer ce délai. Pour 75% d’entre eux, la transmission prendrait entre un et cinq ans.
Or, selon les experts de Bpifrance et le retour de dirigeants ayant effectivement organisé leur succession, la durée nécessaire pour transmettre une ETI patrimoniale, s’établit autour de 10 ans. "Dans l’idéal, 80 % du temps de préparation devrait être consacré à la scénarisation de la transmission ; et 20 % au montage" expliquent-ils.
Contrairement aux idées reçues, l’enjeu de la transmission n’est pas uniquement celui de la succession patrimoniale destinée à d'éventuels héritiers. La dimension managériale est plus importante encore.
Or, les deux tiers des dirigeants d’ETI interrogés envisageant une opération de transmission à brève ou moyenne échéance, n’ont pas identifié leur successeur.
L'étude souligne les croyances courantes parmi certains patrons de PME qui sont autant de freins, gênant la transmission de leur entreprise.
Le syndrome de l'homme providentiel sévirait encore, or "cet homme n’existe pas, le dirigeant ne doit surtout pas chercher son alter ego, mais un voire plusieurs successeurs en fonction des différents scénarios envisagés. On assiste malheureusement trop souvent au drame de la personnalisation du pouvoir, empêchant le successeur de prendre sa place" explique t-on chez BPIfrance.
Dès qu'ils ont atteint l'âge de 50 ans, les dirigeants d’ETI sont fortement encouragés par la BPI, à effectuer un ‘’check-up transmission’’ et mieux vaut tôt que tard.
Pour les spécialistes de la banque publique, n’envisager la transmission de sa PME qu’en fonction d’un départ à la retraite prévisible est une erreur : "cela revient à ne traiter qu’une partie des enjeux liés à la transmission des ETI patrimoniales".