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Pourquoi François Fillon a totalement changé d'avis sur le déficit public

François Fillon prévoit un déficit de 4,7% en 2017.

François Fillon prévoit un déficit de 4,7% en 2017. - Thomas Samson - AFP

Presque dix ans après avoir déclaré la France en faillite, l’ex-Premier ministre veut désormais laisser filer le déficit public, au moins au début de son quinquennat. Ce que ne manque pas de souligner Alain Juppé.

L’équilibre des comptes publics semble avoir fait une chute vertigineuse dans les priorités de François Fillon. Dans son programme, celui qui apparaît désormais comme le favori de la primaire de la droite et du centre veut en effet laisser filer le déficit.

Alors que le gouvernement actuel peine à le faire passer sous le plafond de 3% du PIB imposé par Bruxelles, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy prévoit ainsi un déficit public de 4,7% en 2017, 4,5% en 2018, puis d’accélérer sa réduction pour atteindre l’équilibre en 2022.

Un projet qui tranche radicalement avec ses déclarations de septembre 2007, lorsqu’il était encore à la tête du gouvernement. "Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d'un État qui est depuis 15 ans en déficit chronique, je suis à la tête d'un État qui n'a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans. (...) Ça ne peut pas durer", affirmait-il ainsi lors d’un déplacement en Corse.

"Si on laisse ainsi filer les choses, notre pays dévissera"

Un revirement que François Fillon justifie par la nécessité de "faire redémarrer l’économie française [avec] des mesures énergiques qui créent un véritable choc sur la compétitivité", comme il l’a indiqué lors de la présentation du cadrage budgétaire de son programme. Mais aussi par de nouvelles dépenses engagées, selon lui, par le gouvernement actuel.

Malgré tout, et même si la baisse du déficit est clairement passée au second plan durant la campagne de la primaire, ce changement de cap n’est pas passé inaperçu du côté d’Alain Juppé. "François Fillon avait dit dès 2007 que la France était en faillite et semble s’accommoder aujourd’hui d’un déficit à 4,7%. Si on laisse ainsi filer les choses, notre pays dévissera. Je regrette que certains fassent des promesses qu’ils ne seront pas capables de tenir", a ainsi raillé le maire de Bordeaux dans un entretien aux Echos.

Dans son programme, Alain Juppé s’est en effet engagé à "ne pas dégrader le déficit public attendu en 2017", mais aussi à "réduire chaque année en moyenne le déficit structurel de 0,5 point de PIB". Son projet devrait donc davantage convenir aux dirigeants de la Commission européenne, qui pourraient voir d’un mauvais œil un nouveau dérapage.

Yann Duvert